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Cures et régimes alimentaires dans le traitement du cancer : pas d’efficacité démontrée

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Hors des phases de traitement, une alimentation variée et équilibrée est une des options pour prévenir les risques de cancer. Cependant, aucune preuve scientifique n’a démontré l’existence d’aliment «anti-cancer» ou «miracle».

De nombreuses thérapies complémentaires, notamment par l’alimentation, peuvent être utilisées parallèlement aux traitements anticancéreux classiques. Mais elles ne sont pas toutes aussi bénéfiques qu’on ne le croit et peuvent provoquer des effets secondaires, ou interférer avec les traitements. La prise d’antioxydants pendant la chimio ou radiothérapie pourrait par exemple protéger les cellules cancéreuses. Mieux vaut donc en parler à son médecin avant de les utiliser.

A retenir


Cures et régimes en cas de cancer : une croyance répandue

Depuis le début des années 2000, le jeûne intermittent et les régimes apparentés font l’objet d’un intérêt croissant, alléguant des effets sur le bien-être, la réduction du risque d’apparition de certaines maladies dont le cancer, et jusqu’à l’augmentation de la longévité. La publication de certains travaux scientifiques a contribué à développer l’idée reçue que ces régimes pourraient participer au traitement des cancers.

Les supposées vertus anticancer de certains aliments reposent souvent sur un nombre d’études insuffisant, ou ne sont pas confirmées chez l’humain. Aucun aliment particulier ne peut à lui seul empêcher le développement d’un cancer.


Régime cétogène et cancer

Les arguments. Le régime cétogène, ou restriction glucidique, consiste à conserver le même apport calorique en ne gardant pas plus de 10% de glucides (sucres) pendant plusieurs semaines. L’apport calorique total doit en revanche être maintenu.

Le concept du régime cétogène est d’éliminer au maximum de l’organisme le glucose, source d’énergie préférée des tumeurs. Car en l’absence de sucres, le corps brûle les graisses et produit des molécules appelées “corps cétogènes“, qui peuvent être utilisés comme sources alternative d’énergie par certains organes.

La réalité. Il est très difficile d’enclencher la production de corps cétogènes chez des personnes malades. De plus, si ce processus permet d’économiser le glucose, il ne l’élimine pas. La tumeur a donc toujours accès au glucose.

L’efficacité du régime cétogène dans la prise en charge d’un cancer n’est pas établie. Chez l’animal comme chez l’humain, le peu d’études disponibles montrent tour à tour des effets favorables, absents ou délétères, et plusieurs rapportent des pertes de poids et de masse musculaire.


Les aliments alcalins et l’eau alcaline n’ont pas d’intérêt contre le cancer

Les arguments. Le régime alcalin, aussi appelé régime acido-basique ou régime sans acidité, est composé de fruits, légumes, racines et tubercules frais, de noix et de légumineuses, et seulement de petites quantités de viande et de produits laitiers.

Le concept du régime alcalin est de prévenir et traiter le cancer en corrigeant l’acidité de l’organisme, supposée provenir des régimes alimentaires modernes et provoquer les cancers. Des études ont en effet montré qu’un environnement acide favorise la croissance des cellules cancéreuses.

La réalité. Le corps régule étroitement son pH. Seul celui de l’urine est affecté par les choix alimentaires. Ce qui est vrai pour des cellules isolées ne l’est donc pas pour l’organisme.

L’efficacité des aliments alcalins et de l’eau alcaline dans le cancer n’est soutenue par pratiquement aucune recherche réelle et sa promotion pour la prévention ou le traitement du cancer n’est pas justifiée. La consommation de fruits et des légumes est cependant bien recommandée pour prévenir le cancer, non pas pour leur alcalinité, mais leurs nutriments.


Les compléments alimentaires peuvent interférer avec le traitement du cancer

Les compléments alimentaires sont des préparations à base de vitamines, de minéraux, d’antioxydants ou de plantes. Ils ne sont pas recommandés pour lutter contre le cancer en dehors d’une prescription médicale. Un surdosage peut diminuer l’efficacité des traitements contre le cancer ou encore aggraver leurs conséquences. La prise d’antioxydants, par exemple, (dont les vitamines A, C et E, le cuivre, le zinc et le sélénium) pourrait même protéger les cellules cancéreuses des bénéfices thérapeutiques d’un traitement.

Les compléments alimentaires ne doivent pas être confondus avec les compléments nutritionnels oraux, produits diététiques prescrits lorsque l’alimentation seule ne couvre pas tous les besoins.

FR-NON-00418, avril 2023 


SOURCES

  • Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG). Alimentation et cancer – Vérités et idées fausses. 2015. 
  • Réseau NACRe. Jeûne, régimes restrictifs et cancer : revue systématique des données scientifiques et analyse socio-anthropologique sur la place du jeûne en France. Novembre 2017. 
  • Fenton TR et Huang T. Systematic review of the association between dietary acid load, alkaline water and cancer. BMJ Open 2016;6:e010438. 
  • Institut National du Cancer (Inca). Nutrition & Cancers – Alimentation, consommation d’alcool, activité physique et poids. Mars 2019. 
  • Centre régional de lutte contre le cancer Antoine Lacassagne. Alimentation et Cancer – Combattre les idées reçues. 2017.