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J’ai des angoisses


Ce mois-ci, Giacomo Di Falco, psycho-oncologue, nous propose de revenir sur la question des angoisses pour les patients atteints de cancer. Angoisses qui peuvent être discutées avec un professionnel pour pouvoir avancer et se sentir mieux armé face au cancer.

Témoignage

« Il y a des moments où ma pensée s’emballe. Bien sûr, il m’arrivait parfois d’être inquiète avant tout ça, mais pas comme ça, pas autant ; et surtout, avant j’arrivais à me raisonner, alors que maintenant… Souvent je repense au moment de l’annonce, aux mots, et là c’est comme si je montais dans un TGV. À  chaque arrêt, une angoisse de plus monte dans le train : « je vais souffrir », « comment vont-ils faire sans moi ? », « je vais faire du mal à ceux que j’aime… » Et je sens de plus en plus quelque chose qui m’opprime physiquement. Ça ressemble à une boule dans la gorge. Parfois c’est si fort que j’ai l’impression d’avoir avalé une balle de tennis ! Et je me mets à suffoquer… ce qui n’arrange rien. »

Marie, 62 ans

Depuis l’annonce du diagnostic de la maladie, vous avez peut-être comme Marie le sentiment de ne plus réussir à vous « raisonner » comme vous pouviez le faire avant. Certes, il vous arrivait peut-être aussi d’avoir des angoisses, mais en ce moment il vous semble y en avoir beaucoup plus, et vous vous sentez dépassé. Parfois, elles vous empêchent peut-être même de dormir.


Les angoisses, comment ça marche ?

De façon générale, nous n’aimons pas beaucoup l’inconnu dans notre quotidien. Nous détestons même tout ce qui semble échapper à notre contrôle. En psychologie ce mécanisme s’appelle d’ailleurs l’illusion de contrôle : il traduit notre tendance à surestimer notre capacité à contrôler les événements. Nous faisons par exemple cette expérience lorsque nous appuyons plusieurs fois sur le bouton d’appel d’un ascenseur en étant convaincu que cela le fera arriver plus vite.

Cela nous permet de croire que le monde est globalement stable et prévisible, alors que tout ce qui nous entoure évolue en permanence. Mais si nous ne pouvons pas contrôler les événements qui nous arrivent, la bonne nouvelle est que nous pouvons contrôler tout ce qu’on en pense ! Car notre pensée nous appartient, elle, et nous pouvons la modeler, la travailler.

Lorsqu’un événement se produit et nous fait sortir des sentiers battus, notre cerveau doit s’adapter en trouvant de nouveaux chemins. Nous nous mettons alors à anticiper et à prédire une foule de possibilités qui ne nous sont pas encore arrivées, et souvent de façon négative.

Et c’est exactement de cette manière que nous en arrivons à confondre les « scénarios » de nos angoisses avec la réalité. Pourtant, les angoisses ne restent toujours bel et bien que des « scénarios » ; voilà pourquoi il vous est peut-être déjà arrivé d’employer fort justement l’expression « je me fais des films. »

À ce sujet, Michel de Montaigne avait aussi l’habitude de dire à qui voulait bien l’entendre :

“Qui craint de souffrir, souffre déjà de ce qu’il craint.”

En effet, lorsque vous craignez une situation qui n’est pas encore arrivée et qui n’arrivera peut-être jamais, c’est dès maintenant que vous souffrez. Et cette souffrance peut bien sûr générer un stress au cours de votre traitement, ce qui risque de vous prendre des ressources au lieu de vous en donner.


Des clés pour aller mieux

– Bien choisir ses sources d’information sur internet

Notre besoin de contrôler nous pousse bien souvent à essayer de trouver des réponses coûte que coûte. Mais si vous surfez sur internet au hasard, vous risquez parfois d’y trouver des informations anxiogènes, sur des sites non vérifiés et pseudo-scientifiques. Fort heureusement, avec de bonnes références on y trouve aussi des informations solides et de sources fiables, réalisées par des professionnels de la santé, comme c’est le cas ici avec nos articles écrits par un psycho oncologue.

– Noter les questions sans réponses

Ce qui est très anxiogène en ce moment, c’est toutes ces questions pour lesquelles vous ne parvenez pas à trouver de réponses. Gardez un petit carnet sur vous, et pensez à les noter, lorsqu’elles vous viennent à l’esprit. Pensez à l’emporter lors de vos différentes consultations. Car nombreux sont les soignants (médecins, infirmières, assistante sociale, diététicien, etc.) qui vous accompagnent sur votre parcours de soin, et qui pourront vous fournir des réponses, ce qui aura pour effet de diminuer vos angoisses.

– Se comparer à soi-même

Essayez de vous souvenir de la dernière fois où vous avez ressenti des angoisses. Essayez de retourner dans l’état d’esprit dans lequel vous étiez à ce moment-là. Puis confrontez ce souvenir avec ce qui s’est réellement passé ensuite. Dressez une liste des différences.

– S’exercer à la méditation

Cette activité est liée au fait de prendre soin de sa respiration, et donc de son cerveau. Elle permet de travailler sur ses pensées et à les contrôler plutôt que de les subir. Peut-être qu’il existe des lieux près de chez vous dans lesquels il vous sera possible d’essayer de pratiquer une séance de méditation, ou peut-être encore du yoga ou de la sophrologie. Il existe même des applications sur Smartphone qui vous permettent de suivre des séances régulièrement.

– Aller en parler à quelqu’un

Lorsque ces angoisses augmentent en nombre et en intensité, on appelle cela de l’anxiété. Aller voir un spécialiste, même une seule fois, pourrait alors vous soulager. Votre médecin généraliste peut par exemple vous prescrire un traitement sur une durée courte et déterminée pour vous soulager de vos angoisses et reposer votre cerveau qui est comme en « surchauffe ». Un psychologue, ou un hypno thérapeute peut aussi vous apporter des solutions relativement rapides pour vous aider.


Pour plus d’information, n’hésitez pas à contacter votre médecin.

FR-NON-00638, septembre 2021


SOURCES