Soins de support et médecines alternatives : attention aux fausses promesses et aux dérives

Face aux bouleversements physiques, émotionnels et sociaux liés au cancer, il est naturel de vouloir se tourner vers des solutions complémentaires aux traitements médicaux. Soins de support, médecines alternatives, approches naturelles : les termes sont nombreux, tout comme les pratiques. Certaines peuvent améliorer la qualité de vie, d’autres exposent à des risques graves. Dans ce paysage complexe, faire la différence entre accompagnement encadré et fausses promesses devient essentiel.
Soins de support et médecines alternatives : quelles différences ?
Selon l’Institut national du cancer (INCa), les soins oncologiques de support font partie intégrante du parcours de soins. Ils visent à améliorer la qualité de vie pendant et après la maladie, en complément des traitements spécifiques du cancer.
On y retrouve :
- La prise en charge de la douleur,
- Le soutien psychologique,
- L’accompagnement nutritionnel,
- L’activité physique adaptée,
- La préservation de la fertilité ou de la sexualité,
- L’aide au retour à l’emploi ou à la vie sociale.
Ces soins sont reconnus scientifiquement, encadrés par des professionnels formés, et font l’objet, pour certains, d’un remboursement.
À l’inverse, les pratiques non conventionnelles, aussi appelées “médecines alternatives”, ne sont pas reconnues par la médecine fondée sur les preuves. Selon le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM), elles « ne sont ni reconnues au plan scientifique, ni enseignées dans les formations médicales ».
Pourquoi les médecines alternatives séduisent-elles les patients atteints de cancer ?
L’attrait pour ces approches s’explique par plusieurs facteurs :
- Une volonté de reprendre le contrôle de sa santé,
- Le besoin de soulager des effets secondaires persistants,
- Une défiance envers la médecine conventionnelle jugée parfois trop techniciste,
- Un désir de bien-être global ou spirituel.
Soins de support validés : des bénéfices démontrés
L’INCa identifie 9 types de soins de support prioritaires, dont :
- L’activité physique adaptée qui réduit la fatigue et améliore le pronostic de certains cancers.
- Le soutien psychologique qui diminue l’anxiété et aide à mieux vivre les traitements.
- La diététique et la nutrition qui soutiennent l’état général du patient.
- La prise en charge de la douleur, essentielle à la qualité de vie.
Ces pratiques sont intégrées dans le parcours de soins, prescrites ou coordonnées par les équipes médicales. Elles répondent à un niveau de preuve suffisant et leur efficacité est encadrée scientifiquement.
Médecines alternatives : quand la dérive commence-t-elle ?
Le danger survient lorsque ces pratiques sont utilisées en remplacement des traitements médicaux, ou lorsqu’elles véhiculent des discours culpabilisants ou sectaires. Le CNOM recense chaque année des centaines de signalements pour exercice illégal de la médecine ou dérives thérapeutiques.
Exemples de dérives observées :
- Un patient encouragé à arrêter sa chimiothérapie au profit de “soins vibratoires”.
- Des personnes convaincues que leur cancer est dû à un traumatisme non “réglé”.
- Des thérapeutes autoproclamés qui se font appeler “docteurs” ou “guérisseurs”.
Comment identifier les dérives des médecines alternatives ?
Critères de vigilance
- La promesse d’une guérison rapide ou d’un “remède miracle”.
- Le rejet de la médecine conventionnelle.
- Des tarifs excessifs ou des obligations financières.
- Une absence de formation reconnue.
- Un discours culpabilisant ou déconnecté de la réalité scientifique.
Où s’informer ?
- Sur les sites institutionnels : cancer.fr, sante.gouv.fr
- Auprès de votre équipe médicale ou d’un réseau de soins.
- Sur des plateformes d’accompagnement encadré comme Jinko ou Mon soutien psy.
Conclusion : choisir l’alliance, pas la rupture
Chercher des moyens de se sentir mieux, c’est légitime. Mais se détourner des traitements validés, c’est risquer une perte de chance. Les pratiques complémentaires ont toute leur place quand elles s’intègrent dans un accompagnement global, encadré, et concerté avec les professionnels de santé.
Comme le rappelle l’AFSOS, la médecine intégrative ne rejette pas la science : elle l’enrichit en tenant compte de l’humain dans toute sa complexité.
- Institut national du cancer (INCa), Fiche Cancer Info – Cancers et soins de support, 2024
- Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), Les pratiques de soins non conventionnelles et leurs dérives, 2023
- AFSOS, Place des pratiques complémentaires dans les soins oncologiques de support, 2018
- A-MCA (Agence des Médecines Complémentaires et Alternatives), Rapport Structurer le champ des MCA, 2021
- MIVILUDES, Guide Santé et dérives sectaires, ministère de l’Intérieur
- Sénat, Rapport n°480 sur l’engouement pour les médecines alternatives, 2013
- Fondation ARC, Les soins de support et les pratiques non conventionnelles
- LCP Assemblée Nationale : Cancer et dérives thérapeutiques : comment se protéger ?
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