Close Mobile Navigation

Les facteurs de risques

5 minutes de lecture

Le cancer du col de l’utérus est la conséquence directe d’une infection sexuellement transmissible. Des cofacteurs de risque comme le tabagisme ou certains traitements peuvent favoriser la persistance de l’infection et sa dissémination.

S’arrêter de fumer, c’est toujours le bon choix !

Le tabagisme multiplie par deux le risque de cancer du col, mais cet effet n’est pas durable. Cinq ans après l’arrêt du tabac, le risque redevient équivalent à celui d’une non fumeuse1.

La cause : le Papillomavirus

Si l’on vous demande quelle est l’infection sexuellement transmissible la plus fréquente, peut-être penserez-vous à l’herpès ou aux chlamydiae. En réalité, c’est l’infection aux papillomavirus humains (HPV), une famille de virus responsables notamment de verrues génitales. Ce virus est ultra-contagieux et l’usage du préservatif limite mais n’annule pas totalement le risque de contamination. Résultat, une femme a environ 80 % de chances de contracter un jour le HPV. Heureusement, dans 9 cas sur 10, le système immunitaire de la femme parvient à se débarrasser du virus. Mais dans 10 % des cas, le virus reste tapi dans l’appareil génital2.

S’il existe quelques 200 types de HPV, une quarantaine a une prédilection pour l’appareil génital et parmi eux, 12 (voire 13) sont oncogènes, c’est-à-dire qu’ils sont susceptibles d’entrainer des lésions cancéreuses3.

HPV 16 ET HPV 18

Deux d’entre eux : le HPV 16 et le HPV 18 sont responsables d’environ 70% des cancers du col en France4. Ce sont eux qui ont été inclus dans les premiers vaccins. Aujourd’hui, le vaccin comporte 9 valences, 7 oncogènes et 2 qui entraînent des condylomes (verrues crêtes de coq)5. Le délai entre l’infection à HPV et la survenue d’un cancer est habituellement de 10 à 20 ans6. Le développement du cancer est précédé par une phase de « dysplasies » (lésion précancéreuses).

Le HPV n’est pas seulement responsable des cancers du col mais aussi de cancers de l’anus, du pénis, de la vulve, ainsi que de cancers buccaux et oropharyngés… Au total, on estime que cette famille de virus entraîne chaque année, en France, 6 400 nouveaux cas de cancers7. Sans oublier environ 100 000 cas de verrues génitales ou condylomes recensés annuellement. En France, on décompte un peu plus de 1 500 cancers oropharyngés dus au HPV8. Aux Etats-Unis, depuis 7 ans, le nombre de cancers oropharyngés à HPV a dépassé le nombre de cancers du col9.

Des cofacteurs à ne pas négliger

À la présence du HPV (nécessaire pour que le cancer survienne) s’ajoutent des cofacteurs :

  • Des cofacteurs liés à la vie intime de la femme : précocité de l’activité sexuelle, multiplicité des partenaires sexuels, nombre d’enfants.
  • Des cofacteurs liés au virus : si une douzaine de HPV sont oncogènes, les génotypes 16 et 18 sont particulièrement agressifs. En cas d’infection simultanée par plusieurs types de virus oncogéniques, le risque est également majoré.
  • Des cofacteurs exogènes : tabagisme, coïnfection par le VIH ou une autre infection sexuellement transmissible (Herpès, Chlamydia trachomatis, Neisseria gonorrhoeae…)10.

Sans surprise, comme la maladie est due à une infection, les traitements immunosuppresseurs (utilisés notamment pour traiter des maladies auto-immunes ou pour tolérer une greffe d’organe) accélèrent le processus pathogène. Quant à l’utilisation prolongée de contraceptifs oraux, elle est, elle aussi, corrélée à une augmentation du risque sans que les mécanismes en jeu soient clairement élucidés11.

Inversement, une étude publiée dans la revue Obstetrics & Gynecology suggère que le stérilet aurait un effet protecteur (risque diminué d’un tiers). Les mécanismes restent inconnus mais pourraient être liés à l’inflammation et la réponse immunitaire locale qu’entraîne le stérilet12.

Un cancer que l’on peut prévenir

Si les facteurs de risque du cancer du col sont très connus, cela signifie donc que l’on peut éviter ce cancer. C’est l’objectif de la vaccination contre le virus HPV (prévention primaire contre ce cancer) qui fait l’objet, en 2023, d’une première campagne nationale de vaccination des élèves de classe de 5e dans les collèges en France. Les campagnes de dépistage (prévention secondaire visant à détecter et traiter les lésions avant qu’elles ne se transforment en cancer ou prévention tertiaire visant à soigner les cancers au plus tôt avec les meilleures chances de guérison) complètent ce dispositif.

L’exemple des pays anglo-saxons

Dans des pays comme l’Australie qui ont fait de la prévention du cancer du col une de leurs priorités de santé publique, la circulation des virus HPV oncogènes a été divisée par 15 grâce à la vaccination. Ce pays a pris le parti de vacciner les filles dès 2007 et les garçons depuis 2013 avec des stratégies de « rattrapage » pour que la majorité des jeunes de moins de 26 ans soient protégés13. La couverture vaccinale est actuellement de 67 % chez les jeunes garçons et 78 % chez les jeunes filles14. D’ores et déjà, les lésions « précancéreuses » ont diminué de 34 % chez les femmes de 20 à 24 ans et, en parallèle, on observe une baisse importante des verrues génitales chez les hommes non vaccinés (signe qu’en vaccinant, on diminue la circulation des virus et protège également les personnes non vaccinées). L’objectif du gouvernement australien est désormais d’atteindre un taux inférieur à 4 cas de cancers pour 100 000 femmes15.

Le Canada, le Royaume-Uni ou la Suède sont également en pointe dans le combat contre le HPV. Des données en vie réelle en Suède et au Royaume-Uni ont montré que lorsqu’on vaccine avant l’âge de 17 ans, la réduction du risque de cancer du col est de 87 % à 88 %. Ces résultats ont été obtenus avec les premiers vaccins qui ne protégeaient que contre 2 virus oncogènes. On peut imaginer que le vaccin nonavalent, permettra d’atteindre des résultats bien supérieurs16 et 17.

Et en France ?

En France, la couverture vaccinale est très insuffisante (43 % chez les jeunes filles et 13 % des garçons, soit au total 25 % pour ces tranches d’âge, loin des 70 % préconisés par l’Union européenne). Cela ne permet pas de baisse de la circulation du virus.

À retenir

Tous les ans, en janvier, la semaine de prévention du cancer du col de l’utérus est l’occasion d’informer sur cette maladie.

Le vaccin est préconisé dès l’âge de 11 ans18. Il est pour le moment remboursé jusqu’à l’âge de 20 ans pour tous et 26 ans pour les HSH (hommes ayant des relations avec les hommes). Sous l’impulsion du Président Emmanuel Macron, les choses évoluent. Depuis la rentrée de septembre 2023, des campagnes de vaccination gratuites des collégiens de 5e sont réalisées dans 7 000 collèges. En parallèle, les pharmaciens peuvent désormais prescrire et vacciner à partir de l’âge de 11 ans19.

Pas de médicament contre le HPV !

La plupart du temps, le système immunitaire est capable de se débarrasser du HPV. Quand ce n’est pas le cas, le risque de cancer est majeur. Il n’existe pas de traitement contre le HPV. Le seul moyen de prévenir efficacement le cancer du col repose donc sur une stratégie double associant d’une part, la vaccination et d’autre part, des dépistages réguliers (frottis et test HPV).

Préserver la fertilité des femmes

Le cancer du col touche des femmes relativement jeunes. Il peut survenir dès l’âge de 25-30 ans, voire avant, avec un pic d’incidence situé autour de la quarantaine. Il concerne donc bien souvent des femmes ayant potentiellement un désir de grossesse. Le choix du traitement dépendra de ce désir de maternité (préservation de l’utérus et des ovaires). Dans certains cas, il est possible de conserver le col utérin ou une partie du col, ce qui permet de mener une gestation à son terme. Quant aux lésions précancéreuses, elles affectent chaque année environ 35 000 femmes20 , dont la moitié a moins de 39 ans. Les traitements de ces lésions, —notamment la conisation— augmentent le risque de fausses-couches ou d’accouchements prématurés21.

  1. CNCT, « Tabac et santé ». Voir en ligne : https://cnct.fr/tabac-sante/nombreux-benefices-arret-tabac/#:~:text=Votre%20risque%20de%20cancer%20de,risque%20d%27accident%20vasculaire%20c%C3%A9r%C3%A9bral.
  2. CHU Montpellier centre hospitalier universitaire, « Le papillomavirus et le dépistage du cancer du col de l’utérus », 2023. Voir en ligne (p.3-4) : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwigkbmm7qeBAxVKTaQEHQUWA88QFnoECA0QAw&url=https%3A%2F%2Fwww.chu-montpellier.fr%2Ffileadmin%2Fmedias%2FPublications%2FHPV-depistage-cancer-col-uterus-dossier.pdf&usg=AOvVaw1Wmdo7banSq-dKIAMlCQry&opi=89978449.
  3. Centre Léon Bernard, « Infections à Papillomavirus humains (HPV) ». Voir en ligne : https://www.cancer-environnement.fr/fiches/expositions-environnementales/infection-a-papillomavirus-humains-hpv/.
  4. Ministère de la santé et de la prévention, « Papillomavirus humains (HPV) et cancer du col de l’utérus », 2021. Voir en ligne : https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/article/papillomavirus-humains-hpv-et-cancer-du-col-de-l-uterus.
  5. National Library of Medicine, « Mise à jour sur le nouveau vaccin 9-valent pour la prévention du virus du papillome humain ». Voir en ligne : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4865350/.
  6. Institut National du Cancer, « Quelques chiffres », 2023. Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-col-de-l-uterus/Quelques-chiffres.
  7. ARS Bretagne, « Papillomavirus : une vaccination généralisée à la rentrée 2023 pour les élèves de 5ème des collèges bretons », 2023. Voir en ligne : https://www.bretagne.ars.sante.fr/papillomavirus-une-vaccination-generalisee-la-rentree-2023-pour-les-eleves-de-5eme-des-colleges.
  8. INCA, « Papillomavirus et cancer », 2018. Voir en ligne (p.3) : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwj24f_c8qeBAxXpV6QEHVXTCMYQFnoECB4QAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.e-cancer.fr%2Fcontent%2Fdownload%2F240202%2F3301879%2Ffile%2FPapillomavirus_et_cancer_mel_20180704.pdf&usg=AOvVaw0rqtKBgc43y_QzOym-PdZl&opi=89978449.
  9. Le quotidien du médecin, « Cancers liés au HPV aux États-Unis : le col de l’utérus en baisse, l’oropharyngé en forte hausse », 2018. Voir en ligne : https://www.lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/politique-de-sante/cancers-lies-au-hpv-aux-etats-unis-le-col-de-luterus-en-baisse-loropharynge-en-forte-hausse#:~:text=Le%20cancer%20du%20col%20de%20l%27ut%C3%A9rus%20est%20le%20seul,au%20HPV%20b%C3%A9n%C3%A9ficiant%20du%20d%C3%A9pistage.&text=En%202015%2C%20le%20carcinome%20%C3%A9pidermo%C3%AFde,%2C8%20%25%20chez%20les%20femmes.
  10. Centre Léon Bernard, « Cancer du col de l’utérus- Cofacteurs de risque avérés ». Voir en ligne : https://www.cancer-environnement.fr/fiches/cancers/cancer-du-col-de-luterus/.
  11. Ibid.
  12. Sciences et Avenir, « Le stérilet, protection inattendue contre le cancer du col de l’utérus ? », 2017. Voir en ligne : https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cancer/le-sterilet-protection-inattendue-contre-le-cancer-du-col-de-l-uterus_118114.
  13. Le Point, « L’Australie devrait éliminer le cancer du col de l’utérus d’ici à 2035 », 2023. Voir en ligne : https://www.lepoint.fr/sante/l-australie-devrait-eliminer-le-cancer-du-col-de-l-uterus-d-ici-a-2035–02-04-2023-2514606_40.php#11.
  14. TF1 Info, « Papillomavirus : quels effets de la vaccination en Australie sur le cancer du col de l’utérus ? », 2023. Voir en ligne : https://www.tf1info.fr/sante/papillomavirus-hpv-quels-effets-de-la-vaccination-en-australie-sur-le-cancer-du-col-de-l-uterus-2249691.html/.
  15. Le Point, « L’Australie devrait éliminer le cancer du col de l’utérus d’ici à 2035 », 2023. Voir en ligne : https://www.lepoint.fr/sante/l-australie-devrait-eliminer-le-cancer-du-col-de-l-uterus-d-ici-a-2035–02-04-2023-2514606_40.php#11.
  16. National Library of Medicine, « HPV Vaccination and the Risk of Invasive Cervical Cancer », 2020. Voir en ligne : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32997908/.
  17. National Library of Medicine, « The effects of the national HPV vaccination programme in England, UK, on cervical cancer and grade 3 cervical intraepithelial neoplasia incidence: a register-based observational study », 2021. Voir en ligne : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34741816/.
  18. Santé Publique France, « Cancer du col de l’utérus : la couverture du dépistage et de la vaccination doivent progresser pour une meilleure prévention », 2022. Voir en ligne : https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2022/cancer-du-col-de-l-uterus-la-couverture-du-depistage-et-de-la-vaccination-doivent-progresser-pour-une-meilleure-prevention.
  19. Le Point, « Papillomavirus : Macron lance une campagne de vaccination dans les collèges », 2023. Voir en ligne : https://www.lepoint.fr/sante/papillomavirus-macron-lance-une-campagne-de-vaccination-dans-les-colleges-28-02-2023-2510389_40.php.
  20. INCA, « Vaccination contre les HPV et dépistage régulier : la combinaison gagnante pour vaincre le cancer du col de l’utérus », 2019. Voir en ligne : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwjh7LmJ_6eBAxV8daQEHUviDv0QFnoECBsQAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.e-cancer.fr%2Fcontent%2Fdownload%2F274480%2F3892598%2Ffile%2FCP%2520-%2520Vaccination%2520anti-HPV%2520et%2520d%25C3&usg=AOvVaw2y8W-9g9BQ-UXWfHTsa6Zp&opi=89978449.
  21. Fondation pour la recherche sur le cancer, « Les cancers du col de l’utérus », 2018. Voir en ligne : https://www.fondation-arc.org/cancer/cancer-col-uterus.

Pour aller plus loin

Les mécanismes Les symptômes Les traitements Les chiffres

Ces contenus peuvent vous intéresser

ACTUALITÉS

Comment parler de ma maladie à mes enfants ?

Ce mois-ci, Giacomo Di Falco, psycho-oncologue au CHU de Lille, nous propose de revenir sur la question des enfants face à un parent malade.

ACTUALITÉS

Cancer et sexualité : conseils pour surmonter les troubles liés au cancer

Le cancer et les traitements peuvent avoir des impacts importants sur la sexualité et la fertilité des patients : quels sont les conseils pour y faire face ?

ACTUALITÉS

Sexualité et cancer : qu’est-ce qui change ?

Le cancer et ses traitements peuvent avoir des conséquences importantes sur la sexualité.

FR-NON-01470