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Les trois temps de la prévention nutritionnelle


« Que ton aliment soit ton médicament ». Cette maxime attribuée à Hippocrate met en exergue le rôle fondamental de l’alimentation pour conserver un bon état de santé. Dans le domaine du cancer, le rôle de la nutrition est étudié depuis les années 70 et peu à peu un corpus de connaissances s’est construit1. En amont de la maladie, de plus en plus de travaux confirment l’impact de l’hygiène de vie sur le risque de survenue d’un cancer. C’est particulièrement vrai pour certaines localisations (notamment les cancers ORL et digestifs). Plus récemment, l’importance de la nutrition comme soin de support pour les patients cancéreux s’est imposée. Avec une alimentation adaptée, un patient a plus de chances de guérir. Il supportera par ailleurs mieux les traitements. Le diététicien nutritionniste fait désormais partie intégrante des équipes soignantes2. D’autant que dans la prévention tertiaire (pour éviter la récidive du cancer ou la survenue d’un second cancer), l’alimentation a un rôle à jouer3.


À retenir

  • 4 cancers sur 10 sont évitables4
  • Près de 500 000 cancers dans le monde sont attribuables au surpoids et à l’obésité5

Nutrition et cancer, que dit la science ?

Près de 400 000 nouveaux cas de cancer apparaissent chaque année6. Parmi eux 40 % résultent de l’exposition à des facteurs de risque évitables (modes de vie et alimentation). Le chiffre a été mis en avant au fil des campagnes menées par l’INCA (Institut National du Cancer) et le ministère de la santé. 40%, cela représente à peu près 150 000 cas7. Ce chiffre reste une estimation, une extrapolation des nombreuses études de cohortes réalisées depuis des décennies. Sur le plan individuel, il est extrêmement difficile d’affirmer qu’une alimentation équilibrée et un mode de vie sain vont nous « protéger du cancer ». Mais cela réduira notre risque. Qui plus est l’alimentation « anticancer » est également une arme efficace contre la majorité des maladies dites de civilisation (maladies métaboliques, troubles cardiovasculaires, obésité, maladies neuro-dégénératives). Un bon moyen donc de vivre plus vieux, et en meilleure santé.


10 facteurs nutritionnels et/ou comportementaux liés au cancer

Le cancer du sein est, avec le cancer du côlon, l’un des cancers pour lesquels le lien avec l’alimentation a été le plus étudié. Mais bien d’autres cancers voient leur risque modulé en fonction du contenu de notre assiette et de notre verre.
Au cours des 50 dernières années 10 facteurs nutritionnels et/ou comportementaux ont été identifiés comme ayant un lien convaincant avec le cancer. 5 qui augmentent le risque et 5 qui le diminuent8.


1. L’alcool

Chaque année plus 15 000 décès par cancer sont imputables à l’alcool. Il s’agit principalement de cancers de la bouche, de la gorge, de l’œsophage, du côlon-rectum, du sein et du foie. Ainsi, près de 80 % des cancers de l’œsophage, 20 % des cancers du côlon et 17 % des cancers du sein sont dus à la consommation d’alcool en France9.

Quelle quantité d’alcool peut-on consommer sans risque ? « La meilleure dose d’alcool pour prévenir le cancer c’est zéro », indique Bernard Srour, docteur en santé publique et coordinateur du Réseau Nacre (Réseau national alimentation cancer recherche) qui étudie les liens entre les habitudes alimentaires et la survenue d’un cancer. En pratique l’augmentation du risque est constatée à partir d’un verre par jour pour le cancer du sein et de 20 à 25 g d’éthanol par jour (2 verres) pour le cancer colo-rectal. Mieux vaut donc profiter des boissons alcoolisées avec une très grande modération10.


2. Les viandes rouges et les charcuteries

Le risque de cancer colorectal est augmenté de 30 % environ chez les personnes consommant 160g de viande de boucherie quotidiennement comparativement à celles n’en consommant que 20g en moyenne. Ce surrisque serait notamment lié au fer héminique présent dans les viandes de boucherie, telles que le bœuf. La viande blanche en revanche ne semble pas impacter la santé colorectale11.

Quelle quantité de viande rouge ou charcuterie peut-on consommer sans risque ? « Pas plus de 150g de charcuterie par semaine et 500g de viande rouge », indique Bernard Srour.


3. Les aliments conservés dans le sel (saumure, salaisons, viandes et poissons salés et fumés)

Le sel agirait de deux manières sur l’estomac. D’une part la conservation des aliments dans le sel entraîne la formation de nitrosamine (substance cancérogène). D’autre part, l’excès de sel pourrait avoir un effet direct sur la muqueuse stomacale et la rendre plus sensible à des agents cancérogènes comme les nitrites des charcuteries ou la bactérie Helicobacter pylori12.

Quelle quantité de sel peut-on consommer sans risque ? Environ 6 g par jour, pas davantage. Le sel contenu dans les plats préparés, le fromage, le pain contribuent pour une grande part à notre consommation quotidienne13.


4. Les compléments alimentaires à base de carotène

Chez les fumeurs et ex-fumeurs, ils augmentent le risque de survenue d’un cancer du poumon. Ces compléments sont souvent utilisés pour « préparer la peau au bronzage » ou pour protéger la peau « des effets du vieillissement »14.

Quelle quantité de carotène peut-on consommer sans risque ? Autant qu’on le souhaite lorsqu’il provient directement des fruits et légumes (légumes verts à feuille, fruits et légumes rouges, jaunes ou orange…). Rien sous forme de complément en l’absence de prescription médicale15.


5. Le surpoids et l’obésité

Ce n’est pas stricto sensu un « facteur alimentaire », mais c’est la conséquence d’une erreur nutritionnelle (la consommation excessive d’aliments gras, sucrés ou ultra-transformés, produits industriels etc.) et d’autre part l’insuffisance d’activité physique. Le surpoids et l’obésité sont un risque majeur pour 14 cancers, en particulier les tumeurs hormono-dépendantes (sein, endomètre, prostate, ovaire…). Mais aussi l’œsophage, le pancréas, le côlon-rectum, le rein, la vésicule biliaire, le foie.16 On estime que 3 % des cancers de l’homme et 6 % des cancers de la femme sont liés à une surcharge pondérale17. Selon l’INCA, 19 000 nouveaux cas de cancers lui sont dus chaque année (5,4 % de l’ensemble des cancers)18.

A côté de ces 5 facteurs de risque, 5 facteurs sont protecteurs :

  1. Les fruits et légumes pour de très nombreux cancers et notamment le cancer du poumon, les cancers des voies aériennes supérieures (bouche, pharynx, larynx et œsophage) le cancer de l’estomac19. Les folates alimentaires (que l’on retrouve dans de nombreux fruits et légumes) semblent également protecteurs vis-à-vis du cancer du pancréas20. Tous les fruits et légumes sont bons, cuits ou crus, frais ou surgelés, et sous toutes leurs formes21.
  2. Les aliments riches en fibres alimentaires (légumes céréales complètes…) pour le cancer du côlon-rectum et du sein22.
  3. Les produits laitiers pour le cancer colorectal23.
  4. L’allaitement pour le cancer du sein24.
  5. S’y ajoute l’activité physique pour les cancers du côlon et du poumon, du sein et de l’endomètre25.

Et les autres aliments ? De très nombreuses incertitudes subsistent. Les bénéfices des phytoœstrogènes de soja retrouvés dans les populations asiatiques n’ont pas été corroborés dans les études européennes26.

Au final, un régime méditerranéen riche en fruits et légumes, en légumineuses, en fruits à coque, en poisson, pauvre en matière grasse animale, comportant essentiellement des plats faits maisons, cuisinés avec des produits de saison et sans produits industriels gras salés et sucrés, comporte tous les atouts pour aider à protéger du cancer27.

« Le cancer reste une maladie très mystique qui suscite beaucoup de fantasmes. Mais il n’existe pas d’aliment miracle, pas plus que d’aliment poison. Pas d’aliment qui va protéger du cancer, pas d’aliments qui vont donner le cancer. Tout est une question d’équilibre, de dose », conclut Bernard Srour.


Idée fausse : le lait c’est mauvais ?

Le lait est accusé de tous les maux. En particulier le lait de vache. Dans les faits, le seul lien prouvé entre lait et cancer est en faveur de ce breuvage. De nombreuses études ont conclu que « la consommation de produits laitiers est associée à une diminution du risque de cancer colorectal avec un niveau de preuve probable »28. Cela pourrait être lié à la fois au calcium qu’il renferme et aux ferments lactiques que certains produits laitiers contiennent. Plus récemment, il a été suggéré qu’une consommation trop élevée de produits laitiers pourraient favoriser le cancer de la prostate29. « Ces associations ne justifient pas pour le moment d’être alarmistes. Les recommandations actuelles de deux produits laitiers par jour chez l’adulte sont garantes d’un effet bénéfique des produits laitiers », explique Bernard Srour.


Des questions que tout le monde se pose


Faut-il opter pour le végétarisme pour se protéger du cancer du côlon ?

Le risque de cancer colorectal est accru chez les gros mangeurs de viande et de charcuterie. Il est donc conseillé de les consommer avec modération. De là à les supprimer ? Aucun travail d’expertise à ce jour ne montre que ce risque serait plus faible chez les végétariens. D’autant qu’il existe de nombreuses manières d’être végétarien. Si on remplace la viande par des produits industriels ultra-transformés à base d’isolats de protéines, il n’est pas certain que ce soit bénéfique pour la santé30.


Faut-il pratiquer régulièrement le jeûne fractionné pour armer son corps contre le risque de cancer ?

Les études suggérant un effet bénéfique du jeûne ont été menées sur l’animal et ne sont pas transposables à l’homme. Il n’y a donc pas de raison de promouvoir le jeûne. Sauf si vous êtes en surpoids et voulez maigrir, mais d’autres moyens que le jeûne existent31.


Faut-il manger bio pour se protéger du cancer ?

Deux études récentes, l’une américaine et l’autre issue d’un sous-groupe de la cohorte française Nutrinet, suggèrent qu’une consommation élevée de produits issus de l’agriculture biologique réduirait le risque de cancer. Ces études d’observation restent toutefois à confirmer. Par ailleurs, tous les travaux réalisés jusqu’à présent montrant l’impact bénéfique des consommations de fruits et légumes ont mis en exergue que ces derniers étaient protecteurs quels que soient leur origine et leur mode de culture. Donc, même s’ils ne sont pas bio, il est conseillé de manger des fruits et légumes en quantité.32


Faut-il ajouter du curcuma et d’autres épices à ses plats ?

De nombreux aliments et épices sont portés au pinacle pour leurs vertus anticancer. Les études reposent, là encore, sur des travaux en laboratoire sur l’animal. Pour la curcumine par exemple, il faudrait consommer quotidiennement des kilos de curcuma pour espérer ingérer la dose efficace. Donc, aucun espoir de se protéger du cancer avec une pincée de curcuma. Reste que le principe d’ajouter des épices et des herbes aromatiques à ses plats permet d’augmenter leur saveur tout en diminuant le sel et les matières grasses, ce qui est indubitablement bon pour la santé. Alors pourquoi s’en priver33 ?


Alimentation pendant le traitement contre le cancer

Pendant le traitement, la prise en charge nutritionnelle est fondamentale à la fois pour prévenir ou corriger la dénutrition, pour aider les patients à mieux supporter leurs traitements mais également pour participer à l’amélioration de la qualité de vie.

Il n’y a pas si longtemps, un jeûne strict était imposé avant toute intervention chirurgicale. Puis, après l’opération, la reprise de l’alimentation n’était que très lente et progressive. Aujourd’hui avec la RAAC (Récupération Améliorée Après Chirurgie) la philosophie a totalement changé. Si le patient est fragile et dénutri (ce qui est souvent le cas en cancérologie), on prend le temps de le remettre en forme et de lui redonner des forces pour qu’il supporte mieux l’intervention. Après l’opération, on l’incite à reprendre une alimentation liquide le plus tôt possible et un repas solide dès le soir34.

La RAAC n’est qu’un exemple parmi d’autres de la place que la nutrition a prise dans l’accompagnement des patients cancéreux à l’hôpital ou en ville. Elle souligne 2 grandes tendances :

  • L’importance de lutter contre la fragilisation et la dénutrition des patients pour mieux aider à leur guérison ou leur rémission.
  • La nécessité d’assouplir les injonctions d’autrefois. Dans le suivi nutritionnel qu’il effectue, le diététicien conseille, adapte, selon les goûts du patient, ses habitudes, l’évolution de sa maladie. Le régime est personnalisé. Son seul objectif : que le patient mange à sa faim, qu’il y prenne le plus de plaisir possible et qu’il suive un régime à peu près équilibré.

Aujourd’hui, la nutrition est considérée comme un soin en soi, dans le cadre de la prise en charge globale du patient. Les centres de cancérologie disposent tous d’une unité de diététique. Dans le cadre hospitalier, ces consultations sont prises en charge. En ville, certaines assurances complémentaires les remboursent.


Le cancer, une cause de dénutrition

Le cancer est en soi une cause d’amaigrissement et de dénutrition. L’emplacement de la tumeur peut ainsi gêner la prise alimentaire et conduire à un amaigrissement rapide35. La modification du métabolisme par la tumeur peut également entrainer des désordres digestifs. C’est le cas par exemple du cancer du pancréas. On estime que 40 % des patients cancéreux sont en état de dénutrition36. Et pour certaines formes de cancers (notamment les cancers ORL) jusqu’à 80 % des patients peuvent être dénutris37. Selon les différentes études, 5 à 25 % des patients cancéreux meurent de dénutrition38.

Les traitements de la maladie impactent également l’état nutritionnel des patients : nausées, vomissements, perte d’appétit, mucites, aphtes, sécheresse buccale, dégouts alimentaires, diarrhées, dysgueusie (modification de la saveur des aliments), fatigue sont autant de facteurs qui perturbent la prise alimentaire39. Le risque est grand que le patient s’affaiblisse. Face à ces situations le diététicien apporte des solutions simples, adaptées, en fonction du profil du patient, de ses besoins nutritionnels, de ses symptômes, de ses croyances etc40.

Lorsqu’une alimentation orale n’est plus suffisante, il existe encore des solutions efficaces pour éviter la dénutrition et la perte de poids : nutrition entérale (par sonde) et en dernier recours nutrition parentérale (par voie veineuse)41.


La nutrition un vrai médicament pour soigner le cancer ?

Mesurer l’impact de la prise en charge alimentaire dans le traitement du cancer n’est pas simple. Plusieurs études, notamment l’étude Ravasco, suggèrent que la radiochimiothérapie est moins toxique et plus efficace chez un patient ayant un bon statut nutritionnel. Cette meilleure tolérance permettrait de réduire les abandons de traitement et donc d’augmenter les chances de rémission/guérison42. Par ailleurs le patient est moins fatigué et mieux armé pour lutter contre la maladie en cas de rechute. Et dans tous les cas, le fait de renouer avec une alimentation « plaisir » améliore sa qualité de vie.


Et la prévention tertiaire ?

Près de 4 millions de personnes vivent en France avec un cancer en phase de rémission ou de guérison43. Une alimentation satisfaisante et équilibrée associée à une reprise de l’activité sportive est essentielle pour eux, pour réduire le risque d’une récidive ou du développement d’un second cancer. Les conseils de prévention sont plus que jamais d’actualité pour ces patients auxquels on recommande de conserver un poids de forme, d’éviter les boissons alcoolisées et d’opter pour un régime alimentaire équilibré (si possible de type méditerranéen)44. Ce sont les mêmes recommandations qu’en prévention primaire45.


Pour en savoir plus, vous pouvez retrouver la fiche de conseils pour les patients : « Effets secondaires digestifs des traitements, comment les limiter ».


L’avis d’une experte

Muriel Richl, cadre diététicienne à l’Oncopole Toulouse : « Nous constatons ces dernières années une explosion des peurs alimentaires et des interdits ».


À quel moment de la vie du patient cancéreux intervient le diététicien ?

Tout dépend du patient et de la localisation du cancer. Pour les cancers ORL, nous sommes sollicités en amont. Ces patients ont de grandes difficultés à se nourrir, ils sont souvent très dénutris et ont besoin de conseils et d’accompagnement. Pour les cancers digestifs —et de façon générale tous les cancers ayant entrainé une perte de poids— nous intervenons également assez précocement. Notre expertise est aussi nécessaire lorsqu’une intervention chirurgicale est programmée. On sait depuis plus de 20 ans que l’état nutritionnel d’un patient est essentiel pour supporter l’opération et il nous est souvent demandé de prendre en charge le patient à ce stade afin de lui redonner des forces avant l’intervention (RAAC) et l’aider à remonter la pente après l’acte chirurgical.


Dans un second temps, vous êtes appelés pour accompagner le patient afin de l’aider à supporter au mieux les effets secondaires de ses traitements…

Là encore il s’agit de corriger un état de dénutrition ou de prévenir la survenue d’une dénutrition qui pourrait s’installer en raison de la toxicité des traitements. En RCP, les équipes soignantes choisissent la prise en charge qui sera la plus adaptée au patient, c’est-à-dire celle qui aura le meilleur ratio bénéfices/risques. Malheureusement les traitements du cancer sont souvent très agressifs et ils entrainent des effets qui diminuent la prise alimentaire qu’il s’agisse de nausées, d’aversions alimentaires, de pertes d’appétit, de troubles du transit… Nous donnons aux patients des petits conseils pratiques pour les aider à se nourrir convenablement.


Par exemple ?

Souvent ils nous décrivent des satiétés précoces : dès la fin du hors d’œuvre ils n’ont plus faim. Nous pouvons leur suggérer de fractionner les apports alimentaires, de grignoter toutes les 2 heures. Nous les invitons à privilégier une alimentation froide en cas de dégouts alimentaires et de nausées car les aliments froids dégagent moins d’odeurs et sont moins parfumés que les aliments chauds. Nous leur proposons d’éviter les aliments trop acides en cas d’irritation des muqueuses buccales. Globalement notre action s’organise autour de 4 piliers, le fractionnement (pour lutter contre la satiété), les équivalences (pour remplacer un aliment qui suscite un dégout alimentaire par un aliment proche sur le plan nutritionnel), l’enrichissement des préparations (par exemple ajouter des poudres de protéines, du fromage râpé dans la soupe…) et pour finir la complémentation, c’est-à-dire des apports nutritionnels extérieurs lorsque l’alimentation orale ne suffit vraiment plus à couvrir les besoins. Avec ces 4 portes d’entrée nous pouvons répondre pratiquement à toutes les demandes.


Ensuite, tout est personnalisé et adapté au patient…

Exactement. Il faut tenir compte de ses goûts, de ses habitudes, et surtout de ses croyances. Nous constatons ces dernières années une montée des fausses croyances, une explosion des peurs alimentaires et des interdits. Il y a une attente très forte d’un régime miracle, d’un aliment miracle qu’il s’agisse du jeûne, des régimes cétogènes ou régimes végans, d’ajouts de certaines épices et condiments qui auraient des vertus de guérison. Or toutes ces croyances n’ont aucun fondement scientifique et risquent de majorer un état de dénutrition. Nous essayons donc de trouver des compromis avec le patient pour équilibrer malgré tout son alimentation. S’il ne veut pas de viande, on se débrouille avec les œufs et le poisson. S’il refuse le poisson également, on s’en sort avec les œufs et le lait. S’il refuse le lait de vache on lui propose de la chèvre ou de la brebis. Mais s’il supprime tout, nous n’y arrivons plus ! Le grand secret c’est de s’adapter aux aversions des patients qu’elles soient dues aux médicaments ou à leurs croyances, et de trouver une solution qui améliore leur prise alimentaire. Même si l’équilibre alimentaire n’est pas toujours au rendez-vous, l’important est qu’ils mangent acceptablement bien et en quantité suffisante.


La nutrition entérale une solution trop souvent négligée46

Lorsque les compléments alimentaires ne suffisent pas, la nutrition entérale (par SNG ou sonde gastrique) est une bonne solution. Mais souvent cette solution est proposée trop tardivement. « Les patients sont déjà très faibles et très amaigris et ils la supportent mal. » La nutrition entérale n’empêche pas la poursuite d’une alimentation orale si le patient le souhaite.


À retenir

Avant le traitement : le diététicien établit un bilan nutritionnel.
Pendant le traitement :  il adapte le régime alimentaire en fonction des effets secondaires de la prise en charge thérapeutique (médicaments, chirurgie, rayons…)
En phase de rémission : il veille au maintien d’une alimentation équilibrée et aide le patient à conserver un poids de forme (ni trop maigre… ni trop gros).47


Sources

1 ANSES, « Nutrition et cancer – Évidence de la relation nutrition et cancer », 2011. Voir en ligne (p.12) : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwj064yjwsiBAxWnT6QEHWOlCSYQFnoECCgQAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.anses.fr%2Ffr%2Fsystem%2Ffiles%2FNUT2007sa0095Ra.pdf&usg=AOvVaw0wdQMEKfGrhcE7a5pzpIQc&opi=89978449.

2 INCA, « Soyez attentif à votre état nutritionnel ». Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Qualite-de-vie/Nutrition.

3 Centre de Recherche et de l’Information Nutritionnelles, « NUTRI-doc. Cancer la nutrition au cœur de la prévention », 2013. Voir en ligne (p.1) : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwiX37qhxsiBAxVJVqQEHX54DeMQFnoECBAQAw&url=https%3A%2F%2Fwww.cerin.org%2Fnewsletter%2Fcancer-la-nutrition-au-coeur-de-la-prevention%2F&usg=AOvVaw3fQxkoq3vRgH__BycqiAjs&opi=89978449.

4 Ministère des affaires sociales et de la santé et l’INCA, « 40% des cancers pourraient être évités », Communiqué de presse, 18 septembre 2016. Voir en ligne : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwiq0sSbx8iBAxXvU6QEHU5GA-0QFnoECCYQAQ&url=https%3A%2F%2Fsante.gouv.fr%2FIMG%2Fpdf%2F180916_-_cp_-_prevention_cancers_evitables_2_.pdf&usg=AOvVaw25gRo5b28ryAlIG6H7Fw1E&opi=89978449.

5 Assurance Maladie, « Surpoids et obésité augmentent le risque de cancer », 2023. Voir en ligne : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwiq0sSbx8iBAxXvU6QEHU5GA-0QFnoECCYQAQ&url=https%3A%2F%2Fsante.gouv.fr%2FIMG%2Fpdf%2F180916_-_cp_-_prevention_cancers_evitables_2_.pdf&usg=AOvVaw25gRo5b28ryAlIG6H7Fw1E&opi=89978449

6 Fondation pour la recherche contre le cancer, « Le cancer en chiffre (France et monde) », 2023. Voir en ligne : https://www.fondation-arc.org/cancer/le-cancer-en-chiffres-france-et-monde.

7 Ministère de la santé et de la prévention, « 40% des cancers pourraient être évités : Le point sur l’alcool et l’alimentation », 2017. Voir en ligne : https://sante.gouv.fr/archives/archives-presse/archives-communiques-de-presse/article/40-des-cancers-pourraient-etre-evites-le-point-sur-l-alcool-et-l-alimentation.

8 Nacre, « Les facteurs nutritionnels en lien avec le cancer ». Voir en ligne : https://www6.inrae.fr/nacre/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels.

9 Ministère de la santé et de la prévention, « 40% des cancers pourraient être évités : Le point sur l’alcool et l’alimentation », 2017. Voir en ligne : https://sante.gouv.fr/archives/archives-presse/archives-communiques-de-presse/article/40-des-cancers-pourraient-etre-evites-le-point-sur-l-alcool-et-l-alimentation.

10 Interview réalisée avec le Dr Bernard Srour. Profil LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/bernard-srour-pharmd-phd-mph-3884a24a/?originalSubdomain=fr.

11 Médecine/sciences, « Viande, poisson et cancer colorectal », 2005. Voir en ligne : https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2005/08/medsci20052110p866/medsci20052110p866.html#:~:text=Le%20risque%20de%20cancer%20colorectal%20est%20plus%20%C3%A9lev%C3%A9%20d%27un,de%20volaille%20est%20sans%20effet.

12 Nacre, « Sel et aliments conservés par le sel et le risque de cancer, les principales données ». Voir en ligne : https://www6.inrae.fr/nacre/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels/Sel-et-aliments-conserves-par-le-sel-et-cancer.

13 Nacre, « Sel et aliments conservés par le sel et le risque de cancer, les principales données ». Voir en ligne : https://www6.inrae.fr/nacre/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels/Sel-et-aliments-conserves-par-le-sel-et-cancer.

14 Nacre, « Compléments alimentaires à base de bêta-carotène et risque de cancer, les principales données », 2023. Voir en ligne : https://www6.inrae.fr/nacre/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels/Complements-alimentaires-a-base-de-beta-carotene-et-cancer.

15 Nacre, « Compléments alimentaires à base de bêta-carotène et risque de cancer, les principales données », 2023. Voir en ligne : https://www6.inrae.fr/nacre/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels/Complements-alimentaires-a-base-de-beta-carotene-et-cancer.

16 INCA, « Surpoids et obésité », 2023. Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Reduire-les-risques-de-cancer/Surpoids-et-obesite.

17 Nacre, « Nutrition & prévention des cancers : Des connaissances scientifiques aux recommandations », 2009. Voir en ligne (p.22) : https://www.cancer-environnement.fr/app/uploads/2022/06/2009_Nutrition-et-prevention-des-cancers_Recommandations_Inca.pdf.

18 INCA, « Surpoids et obésité », 2023. Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Reduire-les-risques-de-cancer/Surpoids-et-obesite.

19 Nacre, « Fruits, légumes et risque de cancer, les principales données », 2023. Voir en ligne : https://www6.inrae.fr/nacre/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels/Fruits-legumes-et-cancer.

20 Centre Léon Bernard, « Cancer du pancréas – Facteurs de risque limités – Alimentation supplémentée en fotale », 2022. Voir en ligne : https://www.cancer-environnement.fr/fiches/cancers/cancer-du-pancreas/.

21 Nacre, « Fruits, légumes et risque de cancer, les principales données », 2023. Voir en ligne : https://www6.inrae.fr/nacre/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels/Fruits-legumes-et-cancer.

22 Nacre, « Fibres alimentaires et risque de cancer, les principales données », 2023. Voir en ligne : https://www6.inrae.fr/nacre/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels/Fibres-alimentaires-et-cancer.

23 Nacre, « Produits laitiers et risque de cancer, les principales données », 2023. Voir en ligne : https://www6.inrae.fr/nacre/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels/Produits-laitiers-et-cancer.

24 Nacre, « Allaitement et risque de cancer, les principales données », 2023. Voir en ligne : https://www6.inrae.fr/nacre/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels/Allaitement-et-cancer.

25 Fondation pour la recherche sur le cancer, « Les bienfaits de l’activité physique – Avoir un cancer ». Voir en ligne : https://www.fondation-arc.org/facteurs-risque-cancer/activite-physique-sport.

26 Dr Bernard Srour.

27 Dr Bernard Srour.

28 Nacre, « Produits laitiers et risque de cancer, les principales données – Lien entre produits laitiers et cancer – Niveau de preuve scientifique », 2023. Voir en ligne : https://www6.inrae.fr/nacre/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels/Produits-laitiers-et-cancer.

29 Nacre, « Produits laitiers et risque de cancer, les principales données », 2023. Voir en ligne : https://www6.inrae.fr/nacre/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels/Produits-laitiers-et-cancer.

30 National Library of Medicine, « Vegetarianism and breast, colorectal and prostate cancer risk: an overview and meta-analysis of cohort studies », 2017. Voir en ligne : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27709695/.

31 Centre Léon Bernard, « Jeûne et cancer ». Voir en ligne : https://www.cancer-environnement.fr/fiches/nutrition-activite-physique/jeune-et-cancer/.

32 Inserm, « Nutrition et santé. La santé passe par l’assiette et l’activité physique », 2018. Voir en ligne : https://www.inserm.fr/dossier/nutrition-et-sante/.

33 Dr Bernard Srour.

34 Haute Autorité en Santé, « Programmes de récupération améliorée après chirurgie (RAAC) état des lieus et perspectives », 2016. Voir en ligne (p.28 à 35) : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/forcedownload/2016-09/annexe_raac.pdf.

35 SFNEP, « Cancer et dénutrition – dossier de presse ». Voir en ligne (p.4) : https://www.sfncm.org/images/stories/communique_presse/DP_Cancer_Denutrition.pdf.

36 Nacre, « Prévenir la dénutrition au cours du cancer et son traitement ». Voir en ligne : https://www6.inrae.fr/nacre/Pendant-le-cancer/Prevenir-la-denutrition-au-cours-du-cancer-et-son-traitement.

37 SFNEP, « Cancer et dénutrition – dossier de presse ». Voir en ligne (p.3) : https://www.sfncm.org/images/stories/communique_presse/DP_Cancer_Denutrition.pdf.

38 Nacre, « Prévenir la dénutrition au cours du cancer et son traitement ». Voir en ligne : https://www6.inrae.fr/nacre/Pendant-le-cancer/Prevenir-la-denutrition-au-cours-du-cancer-et-son-traitement.

39 Jocelyne Meuric, Isabelle Besnard, « Nutrition chez le patient adulte atteint de cancer : quand doit-on proposer un conseil diététique personnalisé ? », 2012. Voir en ligne (p.201) : https://www.sfncm.org/images/stories/Referentiel_Egide-SFNEP/Nutrition-chez-le-patient-adulte-atteint-de-cancer-quand-doit-on-proposer-un-conseil-di-t-tique-personnalis-_2012_Nutrition-Clinique-et-M-tabolisme.pdf.

40 Interview avec Muriel Richl.

41 SFNEP, « Cancer et dénutrition – dossier de presse ». Voir en ligne (p.5) : https://www.sfncm.org/images/stories/communique_presse/DP_Cancer_Denutrition.pdf.

42 Jocelyne Meuric, Isabelle Besnard, « Nutrition chez le patient adulte atteint de cancer : quand doit-on proposer un conseil diététique personnalisé ? », 2012. Voir en ligne (p.199) : https://www.sfncm.org/images/stories/Referentiel_Egide-SFNEP/Nutrition-chez-le-patient-adulte-atteint-de-cancer-quand-doit-on-proposer-un-conseil-di-t-tique-personnalis-_2012_Nutrition-Clinique-et-M-tabolisme.pdf.

43 Ligue contre le cancer, « Coordonner & orienter pour mieux prendre en charge les conséquences du cancer », 2022. Voir en ligne : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwjalN28gMuBAxUxVqQEHcoYDIAQFnoECBAQAw&url=https%3A%2F%2Fwww.ligue-cancer.net%2Fsites%2Fdefault%2Ffiles%2Fdocs%2Frapport_etude_coordo_v_h_version_numerique_2022.pdf&usg=AOvVaw3SdXtgGB-q-G70Z9aDrG5R&opi=89978449.

44 INCA, « Impact des facteurs nutritionnels pendant et après cancer – rapport », 2020. Voir en ligne (p.4) : https://www.e-cancer.fr/content/download/297901/4246635/file/RappNut2020_112p_web.pdf.

45 INCA, « Impact des facteurs nutritionnels pendant et après cancer – rapport », 2020. Voir en ligne (p.36) : https://www.e-cancer.fr/content/download/297901/4246635/file/RappNut2020_112p_web.pdf.

46 Interview avec Muriel Richl.

47 Synthèse de l’interview avec Muriel Richl.


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