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AccueilLe cancer de l’estomacLe cancer de l’estomac – Les facteurs de risque

Les facteurs de risque connus


5 minutes de lecture




Principaux facteurs de risque connus


Infection bactérienne ou virale

Helicobacter pylori (HP), bactérie acquise le plus souvent pendant l’enfance et responsable de gastrite chronique, est un des facteurs de risque des cancers de l’estomac. Cependant, l’amélioration des conditions d’hygiène a permis de diminuer sensiblement la contamination à Helicobacter pylori et représente aujourd’hui l’une des principales causes de la baisse des cas de cancers de l’estomac.

Par ailleurs, un autre agent causal a été identifié par le CIRC1 : le virus d’Epstein Barr. Le virus de la « maladie du baiser » (mononucléose) augmenterait en effet le risque de carcinomes gastriques et de carcinomes de type « épithéliome lymphoïde »2.


Facteurs liés à notre alimentation

Associé à la bactérie HP, le sel augmente le pouvoir oncogène de cette dernière. Mais même en dehors de toute infection, une alimentation trop salée est néfaste pour la muqueuse de l’estomac. Irritant, le sel favorise les gastrites ; il entre par ailleurs en synergie avec des cancérogènes connus tels que les composés N-nitrosés. La consommation moyenne des Français est estimée à 8,5 g /jour. 25 % des hommes et 5 % des femmes ont des apports supérieurs à 12 g par jour3. Une relation forte a également été notée avec la consommation de piment (Chili). Le sel culinaire est également responsable de la diminution des cas de cancers de l’estomac. En effet, alors que les générations précédentes recourraient massivement à la saumure pour préserver leurs denrées, l’arrivée du réfrigérateur dans les familles a radicalement changé les modes de conservation.

Il convient de préciser que le cancer de l’estomac est en moyenne 5 fois plus répandu au Japon que dans les pays occidentaux. Les habitudes alimentaires (poissons crus, poissons et viandes en saumure ou fumés, légumes marinés au sel, consommation de thé brûlant etc.) jouent assurément un rôle important dans la promotion de ces tumeurs4.

Face à cette situation, l’archipel nippon a mis en place dès 1963 une politique active de dépistage. Ce dernier, proposé aux personnes de 40 ans et plus, repose sur la mesure de certains marqueurs sanguins et la réalisation de clichés radiographiques de l’estomac selon la technique de gastro-fluoro-radiographie4. Grâce à cette politique, plus de 60%5 des cancers gastriques sont détectés au Japon à des stades où ils sont encore curables, ce qui permet au Japon d’avoir le meilleur taux de guérison au monde.

D’autres facteurs nutritionnels sont pointés du doigt comme les nitrates et nitrites des charcuteries, des viandes transformées ou fumées, les cuissons au barbecue etc6. Inversement, la consommation de fruits et de légumes protège contre le développement du cancer de l’estomac7.


Le reflux gastro-œsophagien

Le reflux gastro-œsophagien (RGO) qui se caractérise par des remontés acides dans l’œsophage est connu comme un facteur de survenue du cancer de l’œsophage. Il semble qu’il accroisse aussi le risque de cancer du cardia (zone de jonction entre l’estomac et l’œsophage)8.

L’alcool et le tabac aggravent tout d’abord un reflux gastro-œsophagien préexistant. Mais ce sont aussi des facteurs de risque à part entière. Le tabagisme favorise la survenue de cancers de l’estomac, notamment les cancers du cardia. Selon l’ESMO (European Society for Medical Oncology), le risque serait doublé chez les fumeurs9. Que penser de l’alcool dont l’OMS rappelle qu’il est la seconde cause de cancer évitable après le tabac ?10 Bien que la consommation de boissons alcoolisées ait paradoxalement un impact favorable sur les infections à Helicobacter pylori, l’alcool est suspecté d’être un facteur de risque de cancer de l’estomac, en particulier chez les hommes11.


Les prédispositions familiales et les risques génétiques

Un antécédent de cancer de l’estomac chez un parent du premier degré (père ou mère, frère ou sœur, enfants) augmente le risque de développer la maladie. Cela pourrait être lié à la fois à des facteurs héréditaires et environnementaux. Par ailleurs, il existe des formes familiales de ces tumeurs gastriques mais elles sont peu nombreuses2.

L’existence d’une mutation du gène BRCA2 est ainsi associée à une petite augmentation du risque12. D’autres anomalies concernant notamment les gènes MLH1 et MSH2 sont soupçonnées13.

Une forme très rare de tumeur de l’estomac, le cancer gastrique diffus héréditaire (CGDH), qui représente entre 1 et 3 % de l’ensemble de ces tumeurs est quant à lui dû à une mutation du gène codant pour la protéine d’adhésion E-cadhérine (CDH1)12.

Des maladies héréditaires comme la PAF (polypose adénomateuse familiale) augmentent le risque de survenue de cancers digestifs, de même que le syndrome de Lynch, le syndrome de Peutz-Jeghers14.

Enfin l’appartenance au groupe sanguin A serait également associée à une fréquence plus élevée. Cela pourrait être lié à une plus grande susceptibilité à l’infection à l’Helicobacter pylori chez les personnes porteuses de ce groupe sanguin15.


Les facteurs professionnels

Les travailleurs de l’industrie du caoutchouc et ceux exposés à l’amiante auraient un risque accru selon le CIRC (Centre international de recherche sur le Cancer ou « IARC »). Le plomb est aussi incriminé16.


À retenir

1 cancer sur 6 dans le monde est d’origine infectieuse. 8 virus, 1 bactérie et 3 parasites ont été classés agents cancérigènes du groupe 1 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC-IARC). Parmi eux le VHB et VHC responsables de cancers du foie, Helicobacter pylori principale cause de cancers de l’estomac, le papillomavirus (HPV) cause presque exclusive des cancers du col et de nombreux cancers génitaux17.


Comment prévenir le cancer de l’estomac ?

  • Effectuer un dépistage de l’infection à Helicobacter pylori si l’on appartient à une famille à risque ou si l’on présente des signes de gastrite. Un traitement antibiotique bien conduit éradique la présence de la bactérie.
  • Essayer de maintenir un poids de forme en limitant la consommation d’aliments salés et fumés et en augmentant sa ration en fruits et légumes et en pratiquant une activité physique (ou éviter le mode de vie sédentaire).
  • Tenter de diminuer sa consommation de tabac et d’alcool.
  • Alerter son médecin en cas de troubles digestifs récurrents. Ce dernier pourra ainsi identifier, par l’examen clinique, une masse au niveau de l’estomac ou d’autres signes cliniques qui pourraient induire un cancer de l’estomac. Dans ce cas, il vous conduira vers un gastro-entérologue pour réaliser une fibroscopie qui permettra d’examiner la totalité de la surface interne du système digestif haut18.

Sources

  1. Association Française de Formation Médicale Continue en Hépato-Gastro-Entérologie, « Fréquence et pronostic des cancers digestifs – Tableau IV évolution du nombre annuel de cas de cancers digestifs en France ». Voir en ligne : https://www.fmcgastro.org/postu-main/archives/postu-2003-paris/frequence-et-pronostic-des-cancers-digestifs/
  2. INCA, « Survie des personnes atteintes de cancer en France métropolitaine 1989-2018 – Estomac – Incidence », 2020. Voir en ligne (p.3) : https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/330289/2967368?version=1.
  3. Centre Léon Bernard, « Classification du CIRC par localisations cancéreuses – Organes digestifs – Estomac », 2023. Voir en ligne : https://www.cancer-environnement.fr/fiches/publications-du-circ/classification-du-circ-par-localisations-cancereuses/
  4. Société canadienne du cancer, « Risques de cancer de l’estomac – Certaines infections », 2019. Voir en ligne : https://cancer.ca/fr/cancer-information/cancer-types/stomach/risks#ci_helicobacter_pylori_infection_49_1792_02
  5. La Ligue contre le cancer – Comité de Côte-d’Or, « Sel et cancer », 2018. Voir en ligne : http://www.ligue-cancer21.info/prevention/sel-et-cancer/
  6. InfoCancer, « Cancer de l’estomac (gastrique) – Le dépistage – Des expériences à l’étranger », 2010. Voir en ligne : https://www.arcagy.org/infocancer/localisations/appareil-digestif/cancer-estomac/depistage-et-prevention/le-depistage.html/.
  7. National Library of Medicine, « Strategies for eliminating death from gastric cancer in Japan », 2014. Voir en ligne : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4237896
  8. Centre Léon Bernard, « Cancer de l’estomac – Facteurs comportementaux ». Voir en ligne : https://www.cancer-environnement.fr/fiches/cancers/cancer-de-lestomac/#:~:text=Une%20relation%20entre%20consommation%20de,%27inflammation%20de%20l%27estomac
  9. Nacre, « Conclusion des expertises scientifiques collectives s’appliquant à la population française – Le rapport INCA 2015 ‘Nutrition et prévention primaire des cancers : actualisation des données’ ». Voir en ligne : https://www6.inrae.fr/nacre/Prevention-primaire/Vous-informer-sur/Conclusions-pour-la-population-francaise-des-expertises-scientifiques-collectives
  10. Fondation pour la recherche sur le cancer, « Cancers de l’estomac : les facteurs de risque – Les facteurs hygiéno-diététiques ». Voir en ligne : https://fondation-arc.org/cancer/cancer-estomac/facteurs-risque-cancer
  11. ESMO, « Qu’est-ce que le cancer de l’estomac ? – Qu’est-ce qui provoque le cancer de l’estomac ? ». Voir en ligne (p.7) : https://www.esmo.org/content/download/6633/115231/file/fr-cancer-de-l-estomac-guide-pour-les-patients.pdf
  12. Centre Léon Bernard, « Alcool et cancer – Le saviez-vous ? ». Voir en ligne : https://www.cancer-environnement.fr/fiches/nutrition-activite-physique/alcool-et-cancer/.
  13. Revue médicale Suisse, « La consommation abusive d’alcool est facteur de risque pour le cancer de l’estomac », 2013. Voir en ligne : https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2013/revue-medicale-suisse-369/la-consommation-abusive-d-alcool-est-un-facteur-de-risque-pour-le-cancer-de-l-estomac
  14. InfoCancer, « Cancer de l’estomac (gastrique) – Facteurs de risque – Facteurs constitutionnels ». Voir en ligne : https://www.arcagy.org/infocancer/localisations/appareil-digestif/cancer-estomac/facteurs-de-risque/les-facteurs-constitutionnels.html/
  15. Centre Léon Bernard, « Cancer de l’estomac – Facteurs génétiques et antécédents – Le syndrome de Lynch ». Voir en ligne : https://www.cancer-environnement.fr/fiches/cancers/cancer-de-lestomac/
  16. Société canadienne du cancer, « Risques de cancer de l’estomac – Troubles génétiques ». Voir en ligne : https://cancer.ca/fr/cancer-information/cancer-types/stomach/risks#ci_family_history_of_stomach_cancer_49_1792_04
  17. Tufts University, « What Your Blood Type Can Tell You About Your Health », 2023. Voir en ligne : https://medicine.tufts.edu/news-events/news/what-your-blood-type-can-tell-you-about-your-health
  18. INCA, « Les cancers attribuables au mode de vie et à l’environnement en France métropolitaine – Tableau 9.4b. Nombre estimé et fraction de nouveaux cas de cancer attribuables aux expositions professionnelles, associés à un niveau de preuve limité chez l’homme », 2018. Voir en ligne (p.111) : https://gco.iarc.fr/includes/PAF/PAF_FR_report.pdf
  19. Institut Pasteur, « Les cancers d’origine infectieuse », 2017. Voir en ligne : https://www.pasteur.fr/fr/journal-recherche/dossiers/cancers-origine-infectieuse.
  20. Fondation pour la recherche sur le cancer, « Cancers de l’estomac : les symptômes et le diagnostic ». Voir en ligne : https://fondation-arc.org/cancer/cancer-estomac/symptomes-diagnostic-cancer.



Pour aller plus loin

Les mécanismes Les symptômes Les traitements Les chiffres

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