- Comprendre mon cancer
- Agir pour me soigner
- Un expert vous explique
Le cancer de l’estomac
- Comprendre mon cancer
- Agir pour me soigner
- Un expert vous explique
Le quotidien
5 minutes de lecture
Sommaire
Vivre avec un cancer de l’estomac
L’ablation partielle ou totale de l’estomac peut impacter la qualité de vie, les capacités à se nourrir et peut avoir des répercussions sur la santé et le bien-être. L’accompagnement des patients traités pour une tumeur gastrique est donc essentiel pour leur offrir la meilleure qualité de vie possible.
L’estomac est un réservoir, qui s’adapte au volume du repas, effectue une prédigestion des aliments, puis les déverse tout doucement dans l’intestin grêle où la digestion va se poursuivre.
Mon cancer a été détecté à un stade précoce
La tumorectomieest le meilleur traitement permettant d’avancer vers une guérison d’un cancer de l’estomac. Si la tumeur était superficielle, elle a pu être reséquée par endoscopie (dissection sous-muqueuse endoscopique). L’estomac conserve sa taille et ses dimensions d’origine1. Une fois la tumeur enlevée, il faut compter quelques semaines pour que la muqueuse se régénère et que la zone opérée cicatrise. Après cela vous pouvez vous considérer sur le chemin de la guérison. Toutefois des visites de contrôle sont nécessaires, notamment des fibroscopies régulières, afin de vérifier qu’il n’y a pas de récidive2.
Mon cancer a été découvert à un stade plus avancé
Lorsque la tumeur est de taille plus importante et qu’elle envahit la paroi, l’ablation par endoscopie est la plupart du temps insuffisante. Quand le cancer est opérable, une gastrectomie totale ou partielle est réalisée. Si elle est totale, vous n’avez donc plus d’estomac. Si elle est « partielle » il ne vous reste plus qu’un petit estomac (environ 1/5 de sa taille initiale).
Si vous avez subi une gastrectomie, le processus de digestion est perturbé. Les diététiciennes du service d’oncologie vous prodigueront de multiples conseils pour conserver le meilleur confort digestif possible. Peu à peu votre organisme va s’adapter et vous pourrez assouplir les règles hygiéno-diététiques4. Les diarrhées sont également fréquentes dans les suites immédiates de l’intervention (elles sont souvent dues à la section du nerf pneumogastrique). Progressivement, votre corps va s’habituer et le transit va se normaliser5.
Gérer les impacts nutritionnels de l’opération
La chirurgie entraine plusieurs effets secondaires, tels que : reflux, reflux biliaire, « brûlures d’estomac », satiété précoce (syndrome du petit estomac), dysphagie, diarrhées, carences en vitamine B12, carence en fer ou encore « dumping syndrome ». Ce dernier, dû à l’arrivée directe du bol alimentaire dans l’intestin grêle se traduit par une fatigue intense, des nausées —voire des sueurs, des palpitations cardiaque). Des hypoglycémies sont également possibles6.
Ces symptômes ne sont pas inéluctables et il est possible de les éviter (ou les limiter) en suivant certaines règles lors de la reprise d’une alimentation normale :
- Fractionnez vos repas (5 ou 6 petits repas plutôt que 2 repas principaux).
- Mâchez longuement et lentement avant d’avaler.
- Tâchez de ne pas boire (ou à peine) pendant les repas.
- Évitez aux boissons alcoolisées, café, sodas.
- Limitez la consommation de sucres rapides qui accélèrent le transit.
- Évitez tout ce qui est difficile à digérer (aliments gras, épicés etc.). Les crudités peuvent être irritantes pour le tube digestif, mieux vaut ne pas en manger trop. Et pour les fruits, optez pour des fruits très murs6.
Aux effets directs de la chirurgie s’ajoutent ceux de la chimiothérapie et le cas échéant de la radiothérapie qui favorisent les nausées et les diarrhées, la pertes d‘appétit ou la modification du gout des aliments, la fatigue et d’autres symptômes encore (chute de cheveux, troubles cutanés, lésions buccales, baisse des globules rouges et blancs etc.)6. Les conseils de l’onco-diététicienne seront précieux pour adapter vos repas à vos symptômes (limitation des sucres rapides, régimes hyperprotidiques et à forte composition en glucides lents fractionnés, supplémentation orale en nutriment et en vitamines etc.). Le traitement de vos lésions buccales est également important pour conserver le plaisir de manger.
Si vous maigrissez trop, les équipes médicales vous proposeront d’augmenter la quantité de calorises ingérées chaque jour, soit par une perfusion intra-veineuse, soit par nutrition entérale (petite sonde passant par le nez et atteignant directement votre système digestif) ou tout simplement par compléments alimentaires à boire (petites fioles hypercaloriques aux parfums variés : jus de fruits, entremets etc.)7. La prise de compléments alimentaire à base de vitamine 12 est possible si vous avez conservé un petit estomac. Si vous avez subi une gastrectomie totale, il vous faudra recevoir cette vitamine salvatrice sous forme d’injection intramusculaire8.
L’amaigrissement est souvent important après un cancer de l’estomac. Une fois que les équipes médicales estimeront que vous êtes suffisamment remis de l’intervention, on vous proposera de rentrer chez vous, ou, si c’est nécessaire, d’être hébergé dans une maison de convalescence afin de pouvoir retrouver progressivement un poids de forme.
Un suivi régulier pendant 5 ans
Pendant au moins 5 ans des visites régulières avec les équipes qui vous ont suivi sont impératives. Dans un premier temps, elles servent à vérifier que vous vous remettez bien de l’intervention et supportez convenablement les traitements (et au besoin à les adapter). Dans un second temps ces visites de suivi viseront à prévenir la survenue d’une récidive ou détecter le plus précocement possible une rechute. Les rendez-vous surveillance se répéteront :
- Une fois tous les deux mois pendant 2 ans ;
- Une fois tous les six mois pendant 5 ans ;
- Un contrôle par an par la suite.
Cette surveillance comporte un examen clinique (notamment une palpation du foie et de la région sous-claviculaire), un bilan nutritionnel et divers examens complémentaires : fibroscopie, échographie, radiographies, marqueurs tumoraux, examens sanguins etc9.
Retourner à son quotidien
La reprise du travail est un élément clef de la rémission ou de la guérison. L’assistante sociale peut vous aider et vous accompagner dans vos démarches. Un aménagement du poste de travail, une reprise à temps partiel sont souvent des solutions adaptées pour favoriser la réinsertion socio-professionnelle tout en tenant compte de la fatigue induite par votre cancer. Les associations de patients peuvent vous donner des conseils utiles dans ce domaine. Votre médecin du travail est également un allié précieux pour organiser ce retour dans les meilleures conditions possibles.
Baisse de moral, anxiété, fatigue, troubles du sommeil, difficultés de concentration sont autant de symptômes dont beaucoup de patients se plaignent. Au bout de 6 à 12 mois ces signes devraient peu à peu s’estomper. Si toutefois vous en ressentez le besoin, n’hésitez pas à demander de l’aide : soutien psychologique, fortifiants, soins de support (relaxation autohypnose, acupuncture). Les associations de patients proposent également des groupes de parole, permettant d’exprimer les émotions qui vous habitent, les difficultés auxquelles vous êtes confrontés. Cet échange entre pairs est précieux pour passer ce cap difficile.
L’activité physique, un atout pour guérir. Des programmes de réhabilitation avant la chirurgie et des séances de kinésithérapie après l’opération sont bénéfiques pour accélérer le retour vers une vie normale. Dès que vous vous en sentez capable et que les équipes médicales vous l’autoriseront, pratiquer une activité physique peut vous aider.
La reprise est progressive, accompagnée par des professionnels de l’APA (activité physique adaptée). Selon une étude publiée dans le JAMA, 13 cancers sont améliorés par l’activité physique, certains modérément d’autres de façon plus marquée10. Parmi ces derniers, 7 cancers ont un risque de récidive diminué de plus de 20 %. Parmi eux l’adénocarcinome de l’œsophage et le cancer du cardia (cancer de l’estomac)10.
En cas de récidive
Le cancer peut récidiver (renaître dans l’estomac) ou métastaser (se développer dans des organes à distance). Les consultations de suivi permettent de réagir au plus vite pour proposer la thérapie la plus adaptée. A chaque phase de la maladie, il existe des solutions thérapeutiques pour ralentir la progression du cancer. Votre médecin pourra également vous proposer de participer à un essai clinique.
À retenir
Vos symptômes | Que faire ? |
---|---|
Vomissements/reflux | Fractionnez vos repas. Mangez peu mais souvent. Même si vous consommez de toutes petites quantités fractionnées, veillez à avoir des apports nutritionnels suffisants sur l’ensemble de la journée. Le cas échéant des médicaments vous seront proposés pour apaiser les symptômes. |
Diarrhées | Le fractionnement des repas est également la solution. Supprimez puis réintroduisez progressivement les aliments sucrés ou riches en lactose. |
Dumping Syndrome | Évitez de boire pendant les repas. |
Hypoglycémie ; Vertiges après le repas. | Diminuez les sucres rapides (sucres, miel, confiture, entremets). Optez pour une alimentation à indice glycémique bas. Allongez-vous après le repas (position semi-allongée). |
Amaigrissement | Consommez des suppléments nutritionnels. |
Anémie | Augmentez la ration de protéines. Administration de fer, vitamines B12, B2 et acide folique (B9). |
Sources
- INCA, « Cancer de l’estomac – Traitement par endoscopie ». Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-de-l-estomac/Traitement-par-endoscopie.
- HCL, « Dissection sous-muqueuse endoscopique ». Voir en ligne : https://www.chu-lyon.fr/dissection-sous-muqueuse-endoscopique.
- InfoCancer, « Cancer de l’estomac – Selon le stade ». Voir en ligne : https://www.arcagy.org/infocancer/localisations/appareil-digestif/cancer-estomac/traitements/les-traitements-selon-les-stades.html/.
- Fondation A.R.CA.D, « Les cancers de l’estomac et du cardia en questions ». Voir en ligne (p.48-49) : https://www.fondationarcad.org/wp-content/uploads/2020/04/LIVRET-ESTOMAC-2020-WEB.pdf.
- InfoCancer, « Cancer de l’estomac – Les effets secondaires possibles ». Voir en ligne : https://www.arcagy.org/infocancer/localisations/appareil-digestif/cancer-estomac/traitements/les-effets-secondaires-possibles.html/.
- INCA, « Les traitements des cancers de l’estomac », 2014. Voir en ligne (p.31-32-33 et 40-41-42-43-44) : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwi6942h69KCAxXUVaQEHTrXDpsQFnoECBsQAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.e-cancer.fr%2Fcontent%2Fdownload%2F429115%2F6465240%2Ffile%2FGuide%2520Les-traitements-des-cancers-de-l-estomac-MAJ%2520042022.pdf&usg=AOvVaw07-_tS3Ysy6Cvdw6UsKc0u&opi=89978449
- INCA, « Cancer de l’estomac – Prise en charge nutritionnelle ». Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-de-l-estomac/Prise-en-charge-nutritionnelle.
- InfoCancer, « Cancer de l’estomac (gastrique) – La vie d’après… ». Voir en ligne : https://www.arcagy.org/infocancer/localisations/appareil-digestif/cancer-estomac/traitements/la-vie-apres.html/.
- InfoCancer, « Cancer de l’estomac (gastrique) – La surveillance post-traumatique ». Voir en ligne : https://www.arcagy.org/infocancer/localisations/appareil-digestif/cancer-estomac/traitements/la-surveillance-posttherapeutique.html/. 10 JAMA, « Association of Leisure-Time Physical Activity With Risk of 26 Types of Cancer in 1.44 Million Adults », 2016. Voir en ligne : https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2521826.
Glossaire
Pour aller plus loin
Les facteurs de risque Les symptômes Les traitements Les chiffresCes contenus peuvent vous intéresser
ACTUALITÉ
Comment parler de ma maladie à mes enfants ?
Ce mois-ci, Giacomo Di Falco, psycho-oncologue au CHU de Lille, nous propose de revenir sur la question des enfants face à un parent malade. Leur annoncer la maladie est une épreuve en soi qui peut renforcer un sentiment de culpabilité délétère.
ACTUALITÉS
Cancer et sexualité : conseils pour surmonter les troubles liés au cancer
Le cancer et les traitements peuvent avoir des impacts importants sur la sexualité et la fertilité des patients : quels sont les conseils pour y faire face ?
ACTUALITÉS
L’aidance salariale : comment concilier vie professionnelle et aide apportée à un proche atteint de cancer ?
Aujourd’hui en France, 11 millions d’aidants, soit 1 français sur 61, accompagnent, de manière régulière et fréquente, si ce n’est quotidienne, un proche en situation de dépendance du fait de l’âge, de la maladie ou d’un handicap.
FR-NON-01558