Gérer les neuropathies induites par les traitements du cancer

Les neuropathies périphériques sont des atteintes des nerfs qui peuvent apparaître pendant ou après certains traitements du cancer. Elles sont fréquentes, parfois durables, et peuvent perturber la vie quotidienne. Heureusement, il est possible d’en limiter les effets grâce à une surveillance attentive et des solutions adaptées. Elles sont dans la grande majorité des cas réversibles, même si les symptômes peuvent être longs à disparaître.

Qu’est-ce qu’une neuropathie périphérique ?

Les neuropathies périphériques se traduisent par un mauvais fonctionnement des nerfs qui relient la moelle épinière et le cerveau au reste du corps. Elles peuvent toucher la sensibilité (fourmillements, douleurs), la motricité (faiblesse musculaire), ou encore l’équilibre. Dans certains cas, une diminution de l’audition peut également apparaître.

Pourquoi apparaissent-elles pendant les traitements ?

Certains médicaments utilisés en cancérologie peuvent être toxiques pour les nerfs. C’est le cas de plusieurs chimiothérapies (taxanes, sels de platine…), de l’immunothérapie (syndrome de Guillain-Barré) ou encore de certains traitements ciblés. Ces neuropathies peuvent apparaître progressivement, parfois dès les premières cures, ou plusieurs semaines après la fin des traitements. Elles peuvent aussi apparaître dès le lendemain de la chimio et régresser en quelques jours.

Quels sont les symptômes à surveiller ?

Les signes les plus courants sont :

Fourmillements ou engourdissements dans les mains ou les pieds,
Sensations de brûlure ou de chocs électriques,
Hypersensibilité au froid,
Troubles de l’équilibre ou de la marche,
Difficulté à effectuer des gestes fins (boutonner, écrire…).
Fatigabilité musculaire
Décharges électriques au contact du froid, au niveau des extrémités mais aussi au niveau de la gorge. Cette sensation peut être très angoissante car elle donne l’impression d’étouffer.
Hypoacousie (diminution de l’audition)

Même discrets, ces symptômes doivent être signalés à l’équipe médicale dès qu’ils apparaissent.

Peut-on prévenir ces neuropathies ?

Il n’existe pas de traitement préventif prouvé, mais certaines mesures permettent d’en limiter l’apparition ou la progression :

Un suivi régulier des symptômes par l’équipe soignante à chaque cure,
Une adaptation des doses si des signes de neuropathie apparaissent,
Une bonne information du patient sur les signes à repérer.

Cette vigilance partagée entre patients et soignants est essentielle pour éviter des atteintes plus sévères.

Comment les neuropathies sont-elles évaluées ?

Le diagnostic repose sur un examen clinique, complété si besoin par des tests neurologiques. Des questionnaires ou grilles d’évaluation peuvent être utilisés pour suivre l’évolution des symptômes dans le temps.

Quelles solutions pour soulager les neuropathies ?

Des traitements médicamenteux

Certains médicaments peuvent aider à soulager les douleurs nerveuses, comme des antiépileptiques ou des antidépresseurs prescrits à faibles doses. Des crèmes ou patchs locaux peuvent également être utilisés. Consultez un professionnel de santé pour un diagnostic précis, des conseils adaptés à votre situation et avant de commencer ou modifier tout traitement.

Des approches complémentaires utiles

Plusieurs soins de support peuvent contribuer à améliorer les symptômes :

Kinésithérapie : pour préserver la mobilité, limiter les chutes, renforcer l’équilibre.
Acupuncture ou réflexologie : peuvent soulager les douleurs et favoriser la détente.
Activité physique adaptée (APA) : améliore la circulation et le tonus musculaire.
Hypnose médical, sophrologie, méditation : aident à diminuer l’impact émotionnel des douleurs.

Des traitements préventifs

Précautions vis à vis du froid dans les jours suivant la chimio: gants écharpe et bonnet et limiter les boissons froides

Des ajustements pratiques au quotidien

Porter des chaussures confortables et sécurisées,
Utiliser des aides techniques si besoin (couverts adaptés, appuis…).

L’importance d’une prise en charge coordonnée

Les neuropathies ne sont pas une fatalité. En parler tôt permet de mettre en place une stratégie adaptée. L’équipe soignante peut proposer une prise en charge multidisciplinaire incluant :

Médecin traitant, oncologue, neurologue si besoin,
Kinésithérapeute, ergothérapeute,
Spécialistes de la douleur,
Référents en soins de support.

Conclusion : choisir d’agir, pas de subir

Les neuropathies périphériques sont fréquentes pendant les traitements du cancer, mais elles peuvent être détectées tôt, suivies, et soulagées. Plus vous êtes attentif aux premiers signes, plus il est facile d’agir.
N’hésitez pas à en parler avec votre équipe soignante. Des solutions existent pour préserver votre qualité de vie et rester acteur de votre parcours.

Cet article a été réalisé en collaboration avec Jinko.
Jinko est un service d’accompagnement en soins de support pour les personnes touchées par le cancer.

Si vous ressentez un eﬀet indésirable, qu’il soit mentionné ou non dans cette brochure, parlez-en à votre médecin/pharmacien/l’équipe soignante sans attendre.
Vous pouvez également le signaler sur le site dédié du Ministère chargé de la santé: https://signalement.social-sante.gouv.fr aﬁn de contribuer à fournir davantage d’informations sur la sécurité de votre traitement.

Neuropathies périphériques chimioinduites dans les cancers digestifs – 25 juillet 2024, VIDAL
Médiateurs potentiels d’amélioration de la neuropathie périphérique chimio-induite douloureuse par une intervention cognitivocomportementale en ligne – Knoerl, Robert, et al. – Canadian Oncology Nursing Journal, vol. 28, no 3, juillet 2018, p. 184‑90, PUBMED CENTRAL
Référentiels inter-régionaux en Soins Oncologiques de Support – Neuropathie périphérique et cancer référentiel 2012, AFSOS
Recommandations professionnelles de prise en charge diagnostique des neuropathies périphériques (polyneuropathies et mononeuropathies multiples) – Mai 2007, HAUTE AUTORITE DE SANTE
Référentiels en oncologie thoracique – Soins de support : Neuropathies périphériques liées aux chimiothérapies – 2025, ARISTOT