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Cancer : comment préserver sa santé mentale ?


Être atteint d’un cancer peut non seulement avoir des conséquences physiques mais peut également avoir un impact sur l’état psychologique du patient. Selon l’Institut National du Cancer, près de 50% des personnes touchées par un cancer auraient rencontré des difficultés à s’adapter à leur état de santé et auraient présenté des réactions dépressives pendant la maladie et à la suite des traitements administrés1.

Le parcours de soins, du diagnostic à la fin du traitement, est vécu par la majorité des patients comme une épreuve. En effet, à tous les stades du parcours, le patient semble se retrouver dans une position inconfortable, voire très anxieuse. Il passe ainsi par de nombreux stades : déni, colère, sentiment d’impuissance, résilience, acceptation…

L’annonce du diagnostic, aussi appelée « effet de souffle », s’apparente pour la plupart des patients à une annonce de mort imminente. En effet, le cancer est dans l’imaginaire collectif associé directement à la mort. On retrouve le patient dans un état de sidération, émotionnel, paniqué où le rationnel n’existe souvent plus. Dans 19% des cas, ce sont les oncologues médicaux qui ont la charge d’annoncer le diagnostic au patient et dans 16% des cas ce sont les chirurgiens2. Par ailleurs, selon une enquête menée par l’Institut National du Cancer, pour 33% des personnes malades l’annonce du diagnostic est considérée comme le pire moment du parcours de soin. Parmi les enquêtés, 65% d’entre eux ont mis une note entre 0 et 4 sur 10, au moment de l’annonce du diagnostic3.
En revanche, lorsque le traitement prend fin, les patients semblent reprendre espoir et font plutôt preuve de positivité et de soulagement. La fin du protocole thérapeutique est notée en moyenne 6,4 sur 10. Le « syndrome de Damoclès », c’est-à-dire la peur de la rechute, est cependant omniprésente dans la tête de certains patients4. Un accompagnement personnalisé est souvent nécessaire pour assurer un suivi psychologique et préserver la santé mentale du patient.

Cancer et soutien moral

Si le cancer peut être un processus de longue haleine où le corps fatigue et est sollicité par les différents traitements, la santé mentale ne doit pas être négligée par les patients. En effet, nombreux sont ceux qui ne savent pas comment être accompagnés psychologiquement, ne perçoivent pas forcément les bénéfices qu’ils pourraient en tirer et pensent qu’avoir un cancer implique la fin de tous les plaisirs.

Dans un premier temps, l’aide d’un professionnel de santé est souvent recommandée, voire indispensable. Elle permet, en effet, la reconstruction de la personne touchée par le cancer et l’acceptation de sa situation. Le psychologue constitue un soutien, un pilier, un allié dans cette quête au bien-être et au bon rétablissement. En cancérologie, on parle de psycho-oncologue ou d’onco-psychologue5. L’Institut National du Cancer définit ce dernier comme un « médecin psychiatre, psychologue ou psychanalyste, formé aux problèmes psychiques des patients atteints de cancer et de leurs proches. S’ils le souhaitent, le psycho-oncologue peut les aider à s’adapter à la maladie et à ses traitements. L’équipe soignante peut également bénéficier de son écoute et de son soutien »6.

L’apport de la psycho-oncologie

L’intérêt de la psycho-oncologie a été décelé dès les années 1980. On distingue, en effet, deux grands concepts pionniers en psychologie de la santé à destination des patients atteints de cancer.

Plusieurs accompagnements psychologiques du cancer possibles

La psycho-oncologie permet ainsi de prévenir les effets négatifs du cancer sur l’état mental du patient et de réfléchir aux effets neuropsychologiques de cette maladie et de ses traitements à court, moyen et long terme sur le quotidien de la personne8. Chaque cas reste différent et chaque accompagnement psychologique du cancer l’est aussi. Par exemple dans certains cas des médicaments pourront être prescrits et un suivi plus ou moins régulier peut être mis en place. Tout dépend de son état psychologique, de ses envies, de ce que l’on recherche en s’adressant au spécialiste.

Le psycho-oncologue peut également être sollicité par la famille du patient qui pourra être épaulée à son tour. Plusieurs modalités de consultations seront proposées : un entretien individuel, un entretien avec la famille, un entretien avec la personne qui partage la vie du patient, un entretien avec ses enfants, un entretien de groupe avec des personnes dans sa situation mais qu’on ne connait pas, un entretien avec différents cancérologues9.

Un parcours de soins de support personnalisé

Cette aide psychologique peut également s’inscrire dans le parcours de soins global proposé après le traitement pour toutes les personnes atteintes d’un cancer. En effet, depuis fin 2020, les patients peuvent profiter d’un bilan et de consultations après avoir été traités. Ce parcours de soin comprend un bilan d’activité physique, un bilan diététique et psychologique. L’arrêté donne le droit au patient de bénéficier de 6 consultations maximum, réalisables jusqu’à 12 mois après son traitement. Le budget fixé par personne est de 180€ par an avec 45€ maximums fixés pour 1 heure de consultation et 22,5€ pour une demi-heure. Les professionnels de santé habilités à intervenir dans ce parcours de soins sont : les diététiciens, les professionnels de l’activité physique adaptée, les psychologues et certains professionnels non-salariés avec un contrat type définit par l’arrêté10.
Les offres de soins de support changent d’un territoire à l’autre. Pour en bénéficier, la meilleure façon est de vous rapprocher directement des professionnels de santé qui vous accompagnent déjà dans votre parcours de soins. Ils sauront vous aiguiller au mieux vers des réseaux, des maisons et pôles de santé et des associations comme la Ligue contre le cancer par exemple11.

Se faire du bien et changer ses habitudes

Être atteint d’un cancer, suivre un traitement, subir des transformations physiques peuvent être des étapes très lourdes à surmonter. Il est ainsi indispensable de continuer à prendre du temps pour soi, à se faire plaisir et adapter ses modes de vie à sa situation. Par exemple, lorsque l’on est fumeur il est préférable de diminuer sa consommation de tabac, voire de l’arrêter progressivement. L’arrêt de la cigarette des malades dépend de la localisation du cancer. En 2014, les patients atteints d’un cancer du poumon étaient presque 69% à avoir été abstinent 2 ans après le diagnostic et 20% pour ceux atteints d’un cancer du col de l’utérus12. Consommer également trop d’alcool est déconseillé. On privilégie une alimentation équilibrée et la pratique d’une activité physique régulière afin d’éviter notamment des fluctuations de poids trop importantes13.

Il convient de préciser qu’il existe une très grande variabilité de tolérance à l’activité physique chez les patients atteints de cancer. Selon la Haute Autorité en Santé, la prescription d’activité physique est primordiale pour la santé physique mais également mentale du patient. Elle est bien sûr à adapter à chaque situation. En effet, « les bénéfices d’une AP chez les patients atteints d’un cancer sont bien démontrés et sont supérieurs aux risques »14. L’activité physique préconisée peut ainsi fortement différer selon le moment : pendant ou après le traitement, en fonction des effets secondaires et de la capacité physique du patient. On mesure, sur l’échelle de Borg, la perception de l’effort du patient et on prescrit ensuite des séances plus ou moins intenses15.

Cancer et réseaux sociaux : apports positifs et négatifs

Le développement des réseaux sociaux a engendré de nouvelles formes de communications et de partage de l’information. Aujourd’hui, partager son vécu, témoigner d’une expérience peut être réalisé simplement en postant une story ou une publication. Les différents réseaux sociaux se sont également multipliés, permettant à chaque plateforme de posséder son propre public et de proposer une manière différente de communiquer. Le secteur de la santé ne déroge pas à la règle. En effet, ces dernières années nous avons été témoins d’une libération de la parole des personnes atteintes de maladies et notamment de cancer. La volonté d’informer et de lever les tabous sur certains aspects de ces maladies s’est ainsi sensiblement élargie. Des témoignages de patientes et de patients ont vu le jour, dans l’objectif de montrer la réalité du cancer sous différents angles : les conséquences du cancer sur le corps comme les séquelles physiques par exemple, la sexualité et ses pratiques, les étapes d’un parcours de soins, l’expérience du traitement.

Connaître, comprendre et alerter sur le cancer

D’abord, ces témoignages semblent avoir permis à d’autres personnes atteintes de cancer de s’y identifier, de se sentir appartenir à une communauté, à un groupe et de ne pas se sentir seul face à la maladie. Ils ont également ouvert la parole, permettant d’échanger sur sa propre expérience et parfois de partager son quotidien en retour. Parler de sa maladie a pu aussi changer le regard de nombreuses personnes sur le cancer ainsi que leur manière de l’appréhender et de la percevoir. En effet, partager le quotidien d’un malade permet aussi de donner un sens au combat quotidien, de voir la maladie autrement, pas seulement par le prisme du taux de survie.

Aussi, on a vu apparaître, par exemple, des comptes dédiés aux conseils sur la gestion quotidienne du cancer : que ce soit par le biais de la vidéo, de l’audio, de la photo ou de l’écrit. Certains mentionnent ouvertement la perte de cheveux et de poils, la manière dont on peut se maquiller pour camoufler sa perte de cils et de sourcils. D’autres proposent des solutions pour palier la transformation de leur corps : des huiles pour la repousse des cheveux, des crèmes pour améliorer l’aspect des cicatrices post-opération, des manières de se coiffer ou de s’habiller.

D’autre part, cette communication s’est également développée chez les associations de patients et les autorités sanitaires. Ce partage a donné lieu à de la prévention afin de toucher un public plus large et notamment plus jeune. Des campagnes de sensibilisation sont nées et se sont déployées parfois même en coopération entre une association et un réseau social, sur TikTok par exemple. Ces campagnes informent et alertent sur les facteurs de risques des différents cancers, des symptômes et présentent les moyens de les dépister. Les acteurs associatifs proposent également, via les réseaux sociaux, des actions collectives et des manières d’y participer16.

Les dérives des réseaux sociaux

Cependant, les réseaux sociaux possèdent aussi leur lot de dérives. Les dangers que présentent cette immersion quotidienne dans la vie des patients est de faire d’un cas particulier des généralités. En effet, les sujets liés à la santé, à la maladie, au corps, à la sexualité engendrent fréquemment des polémiques. Il est nécessaire d’arriver à s’en détacher. Aussi le piège pour tout internaute reste de s’engager psychologiquement de manière trop importante sur ces réseaux et de ne pas réussir à se protéger des éventuelles critiques et retombées négatives.

Par ailleurs, il est également primordial de faire attention à l’information qui circule sur ces plateformes. En effet, publier des informations et y avoir accès est très facile. Cependant, c’est un risque d’être finalement mal informé. Aux États-Unis, une enquête a recensé que près d’1/3 des articles d’actualité liés au traitement des cancers proposaient des informations erronées. Réalisée sur 200 articles partagés sur les réseaux sociaux touchant aux quatre cancers les plus fréquents (prostate, poumon, sein et colorectal), cette étude a montré que 32,5% de ces articles présentaient des informations erronées et que parmi eux 77% contenaient des informations préjudiciables17.

De plus, les hommes restent moins nombreux à partager leur expérience que les femmes et lorsque c’est le cas c’est souvent pour évoquer le cancer de leur enfant. 

Enfin, il est important de préciser que les personnes atteintes de cancer qui racontent leur histoire ne sont pas des professionnels de santé. Les réseaux sociaux ne constituent pas des consultations médicales gratuites qui permettraient de s’auto-diagnostiquer.

Les associations auxquelles vous pouvez vous référer :

A retenir

Le retour au travail peut également être source de stress. Néanmoins, plusieurs aides et droits ont été mis en place ces dernières années pour faciliter la réinsertion des personnes en arrêt maladie longue durée : Cancer et travail : savoir se faire aider et accompagner !

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Sources

1 Institut National du Cancer, « Aide psychologique ». Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Qualite-de-vie/Fatigue/Prendre-en-charge/Aide-psychologique.

2 La Ligue contre le cancer, « Observatoire sociétal des cancers. Face au cancer l’épreuve du parcours de soins », 2018-2019. Voir en ligne p.33-34 : https://www.ligue-cancer.net/sites/default/files/docs/observatoire_societal_des_cancers_rapport_2018-2019_0.pdf.

3 La Ligue contre le cancer, « Observatoire sociétal des cancers. Face au cancer l’épreuve du parcours de soins », 2018-2019. Voir en ligne p.37 : https://www.ligue-cancer.net/sites/default/files/docs/observatoire_societal_des_cancers_rapport_2018-2019_0.pdf.

4 La Ligue contre le cancer, « Observatoire sociétal des cancers. Face au cancer l’épreuve du parcours de soins », 2018-2019. Voir en ligne p.62 : https://www.ligue-cancer.net/sites/default/files/docs/observatoire_societal_des_cancers_rapport_2018-2019_0.pdf.

5 Institut National du Cancer, « Aide psychologique ». Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Qualite-de-vie/Fatigue/Prendre-en-charge/Aide-psychologique.

6 Institut National du Cancer, « Dictionnaire – psycho-oncologue ». Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Dictionnaire/P/psycho-oncologue.

7 F. Cousson-Gélie, F. Sordes-Ader, « Psychologie de la santé et cancer : quels apports et quelles perspectives ? », 2012. Voir en ligne (p.120-121-122) : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwiNgZnztpWAAxUZTaQEHVOLBhcQFnoECBMQAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.psychaanalyse.com%2Fpdf%2FPsychologie_de_la_sante_et_cancers_quels%2520ARTICLE%2520(12%2520Pages%2520-%2520286%2520Ko).pdf&usg=AOvVaw2xd9wIBxyFBXno77AGgNKk&opi=89978449.

8 Association Francophone des Soins Oncologiques de Support, « La psycho-oncologie ». Voir en ligne : https://www.afsos.org/fiche-metier/psycho-oncologie/.

9 Institut National du Cancer, « Aide psychologique ». Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Qualite-de-vie/Fatigue/Prendre-en-charge/Aide-psychologique.

10 Légifrance, « Arrêté du 24 décembre 2020 relatif au parcours de soins global après le traitement d’un cancer », 2020. Voir en ligne : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000042845710.

11 La Ligue contre le cancer, « Les soins de support », 2020. Voir en ligne (p.76) : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwjUw9ih-JWAAxXdQaQEHe9CAikQFnoECBAQAw&url=https%3A%2F%2Fwww.ligue-cancer.net%2Fsites%2Fdefault%2Ffiles%2Fbrochures%2Fsoins-de-support-2021-03_0.pdf&usg=AOvVaw1_wMoDUnjuH49lRnK4a_mv&opi=89978449.

12 Institut National du Cancer, « Arrêt du tabac dans la prise en charge du patient atteint de cancer », 2021. Voir en ligne : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwja6taXiYyAAxXMdqQEHcRjDUwQFnoECA4QAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.e-cancer.fr%2Fcontent%2Fdownload%2F154626%2F1962262%2Ffile%2FArret-du-tabac-dans-la-prise-en-charge-du-patient-atteint-de-cancer_2016_V2.pdf&usg=AOvVaw1nZ0cWGF6U3YXS2ByPrBFK&opi=89978449.

13 Institut National du Cancer, « Conseils pour mieux vivre après un cancer », 2016. Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Qualite-de-vie/Apres-un-cancer.

14 Haute Autorité en Santé, « Prescription d’activité physique et sportive. Cancers : sein, colorectal, prostate », 2019.  Voir en ligne p.8 : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwiCybrsrJWAAxWlVKQEHdhuCbUQFnoECA8QAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.has-sante.fr%2Fupload%2Fdocs%2Fapplication%2Fpdf%2F2019-07%2Fapp_247_ref_aps_cancers_cd_vf.pdf&usg=AOvVaw3j_cboxWDIkLdTcdkmmgVh&opi=89978449.

15 Ibid.

16 Le Parisien, « Cancer, dépression…parler de sa maladie sur les réseaux sociaux aide à ‘se projeter dans l’après’ », 2022. Voir en ligne : https://www.leparisien.fr/societe/sante/cancer-depression-parler-de-sa-maladie-sur-les-reseaux-sociaux-aide-a-se-projeter-dans-lapres-04-02-2022-6NZPBX3P35DZBJVWBT2UP65QVY.php.

17 Univadis, « Un tiers des articles sur le cancer partagés sur les réseaux sociaux sont source de désinformation », 2021. Voir en ligne : https://www.univadis.fr/viewarticle/un-tiers-des-articles-sur-le-cancer-partages-sur-les-reseaux-sociaux-sont-source-de-desinformation.


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