Mon cancer de l’œsophage
Comprendre mon cancer
Le cancer de l’œsophage est relativement peu fréquent puisqu’il se situe en France, en 2018, à la 11ème place des cancers chez l’homme et à la 17ème place des cancers chez la femme en termes de taux d’incidence. Si ce cancer est peu fréquent, son pronostic dans les stades avancés reste défavorable puisque ces cancers sont généralement détectés qu’après s’être propagés au-delà de la paroi de l’œsophage.
Les mécanismes
Qu’est-ce que l’œsophage ?
L’œsophage est un organe qui fait partie du tube digestif. C’est un long tube musculaire dans lequel les aliments passent de la gorge à l’estomac. Il mesure de 25 à 30 centimètres en fonction de la taille de l’individu et a un diamètre de l’ordre de 2 centimètres.

L’œsophage est situé derrière la trachée et le cœur et devant la colonne vertébrale. Il traverse successivement le cou, le thorax, le diaphragme et l’abdomen où il rejoint l’estomac.

Par ailleurs, l’œsophage se divise en 3 régions :
- L’œsophage cervical, au niveau du cou
- L’œsophage thoracique, divisé en 3 parties, au niveau de la poitrine
- L’œsophage abdominal, sur la partie inférieure et qui se rattache à l’estomac

Enfin, la paroi de l’œsophage est elle-même constituée de 4 couches, les unes sur les autres :
- La muqueuse, qui est la couche la plus interne, formée de plusieurs types de cellules dont les cellules épithéliales (cellules constituant le tissu de revêtement) qui assure sa protection. La majorité des tumeurs de l’œsophage naissent à partir de ces cellules
- La sous-muqueuse, qui se trouve au-dessus de la muqueuse, contenant des glandes qui sécrètent du mucus, substance permettant de garder l’œsophage humide et lubrifié pour permettre la déglutition
- La musculeuse, au-dessus de la sous-muqueuse et qui comprend 2 couches de muscles, pour permettre la progression du bol alimentaire vers l’estomac
- L’adventice, qui est la couche la plus externe et qui recouvre une partie de l’œsophage
Quel est le rôle de l’œsophage ?
L’œsophage a pour fonction de faire progresser le bol alimentaire de la bouche vers l’estomac où aura lieu la digestion. Pour cela, l’œsophage va se contracter par réflexe. Ce phénomène est appelé le péristaltisme et consiste en une succession de mouvements permanents pour permettre la propulsion du bol alimentaire.
Qu’est-ce que le cancer de l’œsophage ?
Le cancer de l’œsophage est le 2ème cancer du tube digestif le plus fréquent en France chez l’homme et le 3ème chez la femme, après le cancer colorectal et le cancer de l’estomac. Il touche plus souvent les personnes entre 50 et 84 ans, l’âge moyen au diagnostic étant de 73 ans chez les femmes et de 67 ans chez les hommes.
Le cancer de l’œsophage une tumeur qui se forme le plus souvent à partir des cellules de la muqueuse qui tapissent l’œsophage et qui peut apparaitre dans n’importe quelle partie de l’œsophage.
Classification en fonction de la localisation et des sous-localisations anatomiques
Les cancers de l’œsophage peuvent être classés en 4 types selon la localisation anatomique de la tumeur dite de ‘’Siewert’’:
- Le type I, la tumeur est située au niveau de l’œsophage distal et le centre de la tumeur est situé entre 1 cm et 5 cm au-dessus de la jonction œsogastrique.
- Le type II, concerne une localisation cardiale moyenne de la tumeur dont son centre est situé entre 1 cm au-dessus (limite supérieure) et 2 cm au-dessous (limite inférieure) de la jonction œsogastrique
- Le type III, représente la lésion du cardia (zone frontière entre l’œsophage et l’estomac) avec une localisation gastrique prédominante dont le centre de la tumeur est situé entre 2 cm et 5 cm au-dessous de la jonction œsogastrique
Types histologiques
Il existe 2 principaux types de cancer de l’œsophage en fonction du type de cellules impliquées :
le carcinome épidermoïde et l’adénocarcinome.
Le carcinome épidermoïde :
Le carcinome épidermoïde est un cancer qui se développe à partir des cellules épithéliales qui tapissent l’œsophage, le plus souvent au niveau du tiers moyen et du tiers supérieur de l’œsophage.
Ce type histologique représente 60% des cancers de l’œsophage avec 3 224 cas en 2018 dont 72 % chez l’homme.
Les facteurs favorisant la survenue du carcinome épidermoïde sont :
- L’achalasie (trouble dans lequel les contractions rythmiques de l’œsophage sont absentes ou anormales), qui multiplie le risque par 10
- Le tabagisme, qui multiplie le risque par un coefficient allant de 5 à 9
- La consommation d’alcool, qui multiplie le risque par un coefficient allant de 2 à 7
- Le papillomavirus (VPH), qui multiplie le risque par 3,3
- La peau noire, qui multiplie le risque par 3
- Une alimentation riche en amidon et faible en fruits et légumes, qui multiplie le risque par 2.
D’autres facteurs de risque peuvent favoriser la survenue d’un cancer épidermoïde tels que :
- L’âge entre 60 et 70 ans
- Les antécédents de cancer des voies aérodigestives supérieures
- Les antécédents de radiothérapie au niveau de la cage thoracique
- La consommation habituelle de boissons ou d’aliments chauds.
L’adénocarcinome :
L’adénocarcinome est un cancer qui se développe à partir des cellules qui produisent et libèrent le mucus et d’autres fluides, dans la partie inférieure de l’œsophage. Ce type histologique représente 40% des cancers de l’œsophage. Son incidence demeure élevée avec 2 074 cas en 2018 dont 87 % chez l’homme.
Les facteurs favorisant la survenue d’un adénocarcinome sont :
- Un œsophage de Barrett (maladie qui apparait en cas de reflux gastroœsophagien de longue durée ou d’inflammation de l’œsophage qui finissent par provoquer une modification des cellules de l’œsophage), qui multiplie le risque par un coefficient entre 11 et 125
- Le sexe masculin, qui multiplie le risque par 8
- La population blanche, qui multiplie le risque par 5
- Le reflux gastro-œsophagien, qui multiplie le risque par un coefficient entre 5 et 7
- L’obésité, qui multiplie le risque par un coefficient entre 1,5 et 2,4
- Le tabagisme, qui multiplie le risque par un coefficient entre 2 et 2,7.
D’autres facteurs de risque peuvent favoriser la survenue d’un adénocarcinome tels que :
- L’âge entre 50 et 60 ans
- Les calories d’origine animale
- Une sédentarité.
En France, entre 1990 et 2018, l’incidence du carcinome épidermoïde a été divisée par 3, liée notamment à la baisse régulière de la consommation d’alcool et de tabac. Sur la même période, l’incidence de l’adénocarcinome a augmenté, liée à une survenue plus élevée de reflux gastro-œsophagien et d’obésité.
Comment un cancer de l’œsophage se propage-t-il ?
Lorsque le cancer démarre, les cellules sont peu nombreuses et se limitent à la muqueuse.
Si aucun traitement n’est administré au patient, les cellules cancéreuses progressent et se propagent aux autres couches de la paroi de l’œsophage jusqu’à l’adventice.
Les cellules cancéreuses vont ensuite envahir les zones autour telles que la trachée ou encore l’aorte (l’une des plus grosses artères du corps humain). Et au fur et à mesure de la progression du cancer, les cellules cancéreuses peuvent envahir les ganglions lymphatiques ou d’autres organes tels que le foie, les poumons ou encore les os via le réseau sanguin et lymphatique et y former de nouvelles tumeurs, appelées métastases.
Quels sont les stades du cancer de l’œsophage ?
Il existe 4 stades du cancer de l’œsophage, qui permettent de décrire son étendue et le pronostic du patient. Ils sont déterminés en fonction de plusieurs critères :
- la taille et la profondeur de la tumeur,
- l’atteinte ou non des ganglions lymphatiques et le nombre de ganglions atteints,
- la présence ou non de métastases.
Le stade est exprimé par un chiffre romain allant de 0 à IV, le chiffre IV correspondant au stade le plus sévère : le cancer métastatique.
- Le stade 0 signifie que la tumeur est in situ, touchant seulement l’épithélium sans atteinte des ganglions lymphatiques et sans métastase à distance.
- Le stade I traduit une tumeur qui envahit plus profondément la paroi de l’œsophage mais sans atteinte des ganglions lymphatiques et sans métastase à distance.
- Le stade II signifie que la tumeur a envahi la couche la plus profonde de la paroi de l’œsophage (adventice) ou a atteint 1 ou 2 ganglions lymphatiques voisins mais sans métastase à distance.
- Le stade III signifie que la tumeur touche plus de 2 ganglions mais sans métastase à distance.
- Et enfin le stade IV, stade le plus sévère, signifie que le cancer s’est propagé à d’autres parties du corps en formant des métastases dans des organes éloignés.
Le stade est un élément fondamental pour décider du choix du traitement : moins ce dernier est avancé, meilleur est le pronostic du patient.
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SOURCES
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