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Un expert vous explique le cancer du côlon

2 minutes de lecture

De la tumeur bénigne à la tumeur maligne du côlon, aux facteurs de risque, en passant par le dépistage, les étapes de diagnostic et les traitements préconisés, le Pr Romain Corriat, hépato-gastro-entérologue et oncologue digestif, nous explique les fondamentaux à connaître sur le cancer du côlon.

Définir ce qu’est un cancer du côlon et ses différents types

Le cancer du côlon et du rectum ou cancer colorectal est la 2ème cause de décès par cancer, tous sexes confondus1. Ce cancer est assez fréquent, que ce soit chez les femmes ou chez les hommes. En effet, il est le 2ème cancer le plus fréquent pour les femmes après le cancer du sein et le 3ème cancer pour les hommes après celui de la prostate et du poumon2. En 2023, on recense jusque-là, 26 212 nouveaux cas masculins et 21 370 nouveaux cas féminins3.

Ainsi, un cancer colorectal est un cancer du gros intestin, qui renvoie à la formation de cellules tumorales sur la paroi interne du côlon et du rectum. Dans la majorité des cas, la tumeur qui se développe dans le côlon est d’abord bénigne, c’est ce que l’on appelle : un polype adénomateux4. Puis, dans un second temps, les cellules normales se transforment en cellules malignes et forment une masse tumorale. En effet, dans 80% des cas le cancer du côlon débute en tumeur bénigne et dans 2 à 3% de ces tumeurs bénignes évoluent en cancéreuse5. Cela prend en moyenne 10 ans. Le côlon est localisé entre l’intestin grêle et le rectum, est composé de quatre parties (le côlon droit, le côlon transverse, le côlon gauche et le côlon sigmoïde) et mesure environ 1,5m de long. Le cancer du côlon peut se développer partout6. On estime à 40% des cancers colorectaux qui touchent le rectum et 50% qui touchent le côlon7.

Il convient, ainsi, de distinguer trois types de cancer colorectal :

  • Le cancer colorectal in situ : renvoie au cas où le cancer se développe lentement et où les cellules cancéreuses se propagent d’abord sur la muqueuse de la première couche de la paroi du côlon.
  • Le cancer colorectal invasif : correspond au cas où le cancer n’a pas été traité à temps et qu’il a continué à s’étendre à d’autres couches de la paroi du côlon.
  • Le cancer colorectal métastatique : représente le cas où les cellules cancéreuses atteignent d’autres parties du corps en empruntant les vaisseaux lymphatiques ou sanguins, tels que : les ganglions lymphatiques, le foie, les poumons, le péritoine, le cerveau ou les os8.

Les formes rares du cancer du côlon

On peut également distinguer quelques formes rares du cancer du côlon :

  • Le carcinome épidermoïde, traité comme un cancer de l’anus
  • La tumeur neuroendocrine (TNE)
  • Le sarcome des tissus mous
  • La tumeur stromale gastro-intestinale (TSGI)
  • Le mélanome9

Les causes du cancer du côlon

La principale cause du cancer colorectal est l’âge. En effet, 9 personnes sur 10 touchées par le cancer du côlon ont plus de 50 ans10. Les autres facteurs de risque du cancer colorectal sont surtout liés au mode de vie de l’individu : la consommation d’alcool, le tabagisme, la sédentarité, l’inactivité physique, le surpoids et l’obésité, la consommation excessive de viande rouge ou transformée et une alimentation faible en fibres11. Enfin, les antécédents familiaux et personnels jouent également un rôle dans le développement du cancer. Les personnes touchées par les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, comme la maladie de Crohn par exemple, ou les maladies génétiques, comme la polypose adénomateuse familiale, ou le syndrome de Lynch ou qui ont déjà des cas de cancer colorectal dans leur famille, ont plus de chance de développer un cancer du côlon12.

La prédisposition génétique est aussi un facteur de risque. Il arrive que des personnes héritent dès la naissance d’une altération génétique constitutionnelle. Un onco-généticien peut réaliser une analyse constitutionnelle des gènes s’il y a un doute. Si l’analyse s’avère positive, on proposera à vos apparentés au premier degré d’en réaliser une aussi13.

Symptômes et diagnostic du cancer du côlon

Les symptômes notables du cancer colorectal sont multiples et diffèrent entre chaque patient. On peut citer : des douleurs abdominales, du sang dans les selles, une constipation soudaine ou qui se complique, une diarrhée qui se prolonge, une diarrhée et une constipation qui s’alternent, une envie permanente d’aller à la selle, une masse au niveau de l’abdomen, une anémie inexpliquée, une perte de poids et d’appétit, de la fatigue14.

Le diagnostic du cancer du côlon s’appuie sur plusieurs examens. Le bilan diagnostic comprend, ainsi, un bilan initial qui permet de déterminer la présence du cancer, de le localiser et de définir son type et un bilan d’extension qui évalue l’étendue du cancer et donc son stade.

D’abord, on exige souvent que le patient réalise un examen clinique avec un médecin généraliste ou un gastroentérologue. Un toucher rectal permettant de distinguer une grosseur à l’intérieur du rectum, aide également le professionnel de santé à constater un cancer localisé. Une coloscopie, réalisée par un gastroentérologue, sous anesthésie générale ou locale, est également demandée et va permettre d’étudier l’ensemble du côlon afin de déterminer la présence d’anomalies et d’effectuer des prélèvements. Un coloscanner peut également être demandé afin de compléter ou de remplacer la coloscopie. La biopsie viendra analyser les tissus qui paraissent anormaux. Enfin, un examen anatomopathologique des tissus ou cellules récupérés, sera accompli par un anatomopathologiste à l’œil nu puis au microscope15.

Afin de déterminer l’ampleur de l’extension de la tumeur, le patient réalise un bilan biologique, un scanner thoraco-abdomino-pelvien, parfois une IRM hépatique et une tomographie par émissions de positions16.

Cancer du côlon : quelles prises en charge et quels traitements ?

Le traitement du cancer du côlon est multiple et dépend de chaque cas. Comme pour chaque cancer, tout dépend du stade, du patient, de ses caractéristiques personnelles, de l’endroit de la localisation de la maladie, de son extension etc. Généralement, pour déterminer le traitement le plus adapté on réalise un bilan pré-thérapeutique, qui comprend une évaluation clinique et nutritionnelle initiale, une évaluation gériatrique (systématique pour les personnes âgées de plus de 75 ans) et parfois une évaluation cardiovasculaire. Une réunion pluridisciplinaire a lieu avec des chirurgiens, des anatomopathologistes, des gastro-entérologues, des oncologues et radiologues afin de prendre la décision finale17.

Dans la plupart des cas, on traite le cancer du côlon par la chirurgie et on l’additionne à une chimiothérapie (surtout en stade II, III et IV). Dans le cas de cancer colorectal métastatique, on préconise souvent une chimiothérapie associée à une thérapie ciblée18.

L’immunothérapie est un traitement qui se développe de plus en plus et qui reste en devenir pour le traitement du cancer colorectal. En effet, 95% des cancers du côlon ne sont pas éligibles à l’immunothérapie. On propose ce type de traitement seulement à une minorité de patients car il nécessite que la tumeur possède certaines particularités génétiques. Ces particularités sont distinguées lors d’une analyse anatomopathologique19.

Pronostic de survie du cancer colorectal

Lorsque le cancer du côlon reste in situ, c’est-à-dire localisé à la muqueuse, à un stade très précoce : la survie à 5 ans peut atteindre 95%. Dans le cas où les cellules cancéreuses se sont étendues au-delà de la muqueuse, à d’autres couches de la paroi du côlon, la survie à 5 ans est évalué de 70 à 80%. En cas d’envahissement ganglionnaire, le pronostic de survie descend de 30 à 50%. Enfin, dans le cas d’un cancer colorectal métastatique, lorsque les cellules tumorales touchent d’autres parties du corps, la survie à 5 ans tombe en dessous de 20%20. À un stade très tardif, les chances de guérison sont plutôt comprises entre 5 et 15%21.

Dépistage du cancer du côlon

Il est important de préciser que le cancer colorectal possède un des meilleurs taux de survie à 5 ans tous cancers confondus. En effet, entre 2010 et 2015, 63% était le taux de survie nette standardisée à 5 ans22. Un dépistage précoce permettrait, ainsi, de guérir le cancer pour 9 cas sur 10.

Aussi, la Haute Autorité en Santé préconise un dépistage à partir de 50 ans jusqu’à l’âge de 74 ans chez les hommes comme chez les femmes23. Le test consiste en la recherche de sang dans les selles.

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INCA

https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Les-chiffres-du-cancer-en-France/Epidemiologie-des-cancers/Les-cancers-les-plus-frequents/Cancer-de-la-prostate

Fondation pour la recherche sur le cancer

https://www.fondation-arc.org/cancer/le-cancer-en-chiffres-france-et-monde 

INCA

https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-de-la-prostate/Points-cles

INCA

https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-de-la-prostate/La-prostate

INCA

https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-de-la-prostate/Developpement

Société canadienne du cancer

https://cancer.ca/fr/cancer-information/cancer-types/prostate/what-is-prostate-cancer

Centre Léon Berard

https://www.cancer-environnement.fr/fiches/cancers/cancer-de-la-prostate/

Société canadienne du cancer

https://cancer.ca/fr/cancer-information/cancer-types/prostate/risks

INCA

https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-de-la-prostate/Facteurs-de-risque

InfoCancer

https://www.arcagy.org/infocancer/localisations/cancers-masculins/cancer-prostate/facteurs-de-risque/les-facteurs-environnementaux.html/

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https://cancer.ca/fr/cancer-information/cancer-types/prostate/signs-and-symptoms

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https://fondation-arc.org/cancer/cancer-prostate/symptomes-diagnostic-cancer

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https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-de-la-prostate/Diagnostic-et-bilan-initial

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https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwjEk-_6w-6EAxWIT6QEHW-ECIAQFnoECBcQAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.e-cancer.fr%2Fcontent%2Fdownload%2F63394%2F570461%2Ffile%2FGUIPROS10.pdf&usg=AOvVaw0vxxfh-lhscCDzsSSMM45Z&opi=89978449

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https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-de-la-prostate/Traitements/Les-traitements-possibles-en-fonction-de-l-etendue-du-cancer

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https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-de-la-prostate/Hormonotherapie

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https://www.inserm.fr/actualite/cancer-de-la-prostate-un-acteur-cle-de-la-resistance-a-lhormonotherapie-identifie/

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https://cancer.ca/fr/cancer-information/cancer-types/prostate/treatment/castration-resistant-prostate-cancer

  1. Santé Publique France, « Cancer du côlon rectum », 2023. Voir en ligne : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/cancers/cancer-du-colon-rectum.
  2. INCA, « Cancers du côlon : les points clés », 2023. Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-colon/Les-points-cles.
  3. INCA, « Panorama des cancers en France », 2023. Voir en ligne (p.20) : https://www.e-cancer.fr/content/download/466486/7065725/file/Panorama%20des%20cancers_2023.pdf.
  4. Santé publique France, « Cancer du côlon rectum », 2023. Voir en ligne : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/cancers/cancer-du-colon-rectum.
  5. INCA, « Cancers du côlon : les points clés », 2023. Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-colon/Les-points-cles.
  6. INCA, « Le côlon », 2021. Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-colon/Le-colon.
  7. Ameli, « Les cancers du côlon et du rectum et leurs facteurs de risque », 2022. Voir en ligne : https://www.ameli.fr/seine-saint-denis/assure/sante/themes/cancer-colorectal/comprendre-cancer-colorectal.
  8. INCA, « Cancers du côlon : les points clés », 2023. Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-colon/Les-points-cles.
  9. Société canadienne du cancer, « Tumeurs cancéreuses du côlon et du rectum ». Voir en ligne : https://cancer.ca/fr/cancer-information/cancer-types/colorectal/what-is-colorectal-cancer/cancerous-tumours
  10. INCA, « Cancers du côlon : les points clés », 2023. Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-colon/Les-points-cles.
  11. Santé publique France, « Cancer du côlon rectum », 2023. Voir en ligne : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/cancers/cancer-du-colon-rectum.
  12. INCA, « Cancers du côlon : les points clés », 2023. Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-colon/Les-points-cles.
  13. Ibid.
  14. INCA, « Cancers du côlon : les points clés », 2023. Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-colon/Les-points-cles.
  15. INCA, « Cancers du côlon : comment est établi le diagnostic ? », 2021. Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-colon/Le-diagnostic.
  16. Ibid.
  17. INCA, « Cancers du côlon : quels traitements ? », 2021. Voir en ligne : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-colon/Les-traitements.
  18. Ibid.
  19. Interview vidéo du Pr Corriat.
  20. MSD manuals version professionnelles, « Cancer colorectal ». Voir en ligne : https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-gastro-intestinaux/tumeurs-du-tractus-gastro-intestinal/cancer-colorectal.
  21. Interview vidéo du Pr Corriat.
  22. INCA, « Panorama des cancers en France », 2023. Voir en ligne (p.20) : https://www.e-cancer.fr/content/download/466486/7065725/file/Panorama%20des%20cancers_2023.pdf.
  23. HAS, « Cancer colorectal : modalités de dépistage et de prévention chez les sujets à risque élevé et très élevé », 2017. Voir en ligne : https://www.has-sante.fr/jcms/c_2772744/fr/cancer-colorectal-modalites-de-depistage-et-de-prevention-chez-les-sujets-a-risque-eleve-et-tres-eleve.

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Les facteurs de risque Les symptômes Les traitements Les chiffres

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